A LA MANOEUVRE médicale pour les joueurs, le Dr Bernard Montalvan, 52 ans, directeur adjoint à la FFT (Fédération française de tennis), dirige une équipe chevronnée : 8 médecins, 9 infirmiers, 30 kinés et 2 podologues. Des habitués de Roland-Garros. «Nous avons un très faible turnover dans nos rangs», constate ce rhumatologue parisien qui partage son temps entre son cabinet du 16e arrondissement et ses responsabilités fédérales (suivi des sportifs, des entraînements, direction du centre médical de Roland-Garros). Les membres de l'équipe médicale sont des passionnés qui en redemandent. Malgré la charge de travail : pendant les deux semaines du tournoi, mais aussi dès la semaine qui précède, ils assurent la supervision médicale de 8 heures à 22 heures. Dans chacune de leurs deux antennes, un médecin et deux infirmières se relayent. Avec des pointes de consultation entre 12 heures et 19 heures. Le Dr Montalvan, aidé du Dr Jacques Parier (traumatologue du sport), a fait les comptes épidémiologiques sur les huit derniers tournois. De 2001 à 2007, un tiers des joueurs, en moyenne, a eu recours aux bons offices de son équipe : 60 % à la suite d'un traumatisme, 40 % pour un problème dit de médecine générale.
Pas de cheCk-up cardio-vasculaire.
Dans cette dernière rubrique, ce sont les problèmes ORL qui viennent en tête (36 %), devant la dermatologie (15 %) et les dysfonctionnements digestifs (13 %). Au chapitre blessures, les diagrammes présentent une grande stabilité chez les hommes, les femmes voyant le nombre des traumatismes dont elles sont victimes connaître une légère progression. Ce sont les membres inférieurs qui souffrent le plus (50 % des traumatismes), devant les membres supérieurs (27 %), le dos (15 %), l'abdomen et le thorax (6 %). Ce sont les tendinopathies qui occasionnent le plus grand nombre de consultations : épaule, cuisse, genou, mais aussi muscle cubital postérieur, sont les plus exposés. Et ces données se distribuent également chez les hommes et chez les femmes. L'analyse des données fait apparaître une corrélation entre la durée des matchs et la sévérité des traumatismes. Le Dr Montalvan a aussi observé que les lésions musculaires du mollet sont absentes chez les joueurs seniors, alors qu'elles sont « presque absentes » chez les plus jeunes. «Nos équipes ont beau être chevronnées, nous nous efforçons d'améliorer la formation. Cette année, par exemple, avec la trentaine de kinés, nous avons particulièrement planché sur les lésions du poignet.»
30 médecins,
20 infirmiers,
30 kinés mobilisés dans 5 antennes
L'an dernier, une nouveauté avait été proposée à tous les sélectionnés, un check-up cardio-vasculaire, effectué au service du Pr Olivier Dubourg, non loin des courts, à l'hôpital Ambroise-Paré. Une mesure destinée à prévenir le risque de mort subite et qui avait attiré l'an dernier 35 joueurs. Cette année, ils sont... zéro pointé à avoir souscrit à cette investigation de sécurité. «Il est vrai, commente le Dr Montalvan, que les uns et les autres bénéficient d'un suivi régulier dans leurs fédérations respectives. Les Français, par exemple, subissent régulièrement des échographies cardiaques.»
Un paramètre fait encore l'objet d'une particulière vigilance de la part des médecins de Roland-Garros : la pression émotionnelle extrême que subissent les joueurs engagés dans une telle compétition. C'est probablement ce facteur psychologique qui entraîne des joueurs à décrocher plus vite et à prendre leur retraite à un âge qui surprend. Le cas Justine Henin est exemplaire : à l'étonnement général, la numéro un mondiale a décidé de mettre fin à sa carrière à l'âge de 25 ans, alors qu'elle n'avait à aucun moment laissé paraître une particulière lassitude. «Ces superchampions n'en peuvent plus parfois de se conformer à à une hygiène de vie qui fait d'eux de véritables ascètes, jamais couchés après 22h30 et avec des contraintes diététiques constantes, observe le Dr Montalvan. Dans nos consultations, au cours d'un tournoi comme Roland-Garros, par ailleurs le plus physique des tournois du Grand Chelem, ce sont près de 90% des joueurs qui expriment des difficultés d'ordre émotionnel, avec notamment des troubles du sommeil. Mais il est rarissime que nous leur prescrivions des traitements médicamenteux, ne serait-ce qu'en raison des mesures drastiques de contrôle antidopage.»
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