« Don, mécènes et adorateurs », d’A. Ostrovski

Dans les coulisses, c’est-à-dire au coeur

Publié le 10/01/2006

Article réservé aux abonnés

POUR sa dernière mise en scène de directeur du centre dramatique de Gennevilliers, Bernard Sobel nous dévoile une magnifique comédie, l’une des dernières qu’ait composée Alexandre Ostrovski, qui date de 1881 et qui se situe dans le monde du théâtre.

On est dans cette Russie qu’affectionne l’auteur de « la Forêt », la Russie de la province, des marchands et, ici, des premiers industriels, province où l’on rêve de Moscou – et c’est pour Moscou que partira la jeune héroïne. Sacha, une comédienne très douée (Chloé Réjon, sensible et mobile). Tout le monde des hommes papillonne autour d’elle, qui est pauvre.

Sa mère souffre de cet état (l’épatante Elisabeth Mazev). Elle est veuve d’un musicien, elle respecte la passion pour l’art de sa fille mais rêve de confort. Elle aime pourtant bien le fiancé de sa fille, celui qui fait l’éducation morale d’Alexandra, la belle comédienne. Piotr (le fin Vincent Minne) est loyal, intelligent, mais il n’a pas de poste. Défilent les prétendants, ceux qui veulent exercer un pouvoir sur Sacha. Le prince Doublébov (François Clavier), mais aussi Bakine, le fonctionnaire sûr de lui (Thomas Durand). Vélicatov (Eric Caruso) est un très riche héritier, propriétaire, industriel, mais mal dans sa peau, analphabète de l’amour, il se tait. Il respecte Sacha. C’est un personnage très étonnant.

Alexandre Ostrovski possède ce don de donner densité humaine en quelques mots, quelques répliques. On n’est pas dans la couleur, on est dans l’âme.

Traduite d’une plume toujours vive, dans une langue drue par André Markowicz, on découvre cette grande pièce superbe qui est la pièce de l’amour du théâtre. Sacha préférera son art à la vie qu’elle pourrait avoir avec Piotr. Et Sobel, levant le rideau qui sépare à Gennevilliers les deux salles, salue la compagnie.

Théâtre de Gennevilliers, le mardi à 19 h 30, du mercredi au samedi à 20 h 30, le dimanche à 16 h. Jusqu’au 4 février (01.41.32.26.26). Durée : 2 h 30 sans entracte. Le texte de la traduction d’André Markowicz est publié aux Solitaires intempestifs avec une préface de Bernard Sobel (10 euros).

> A. H.