SITUÉES près des côtes occidentales de la Grèce, moins connues, à l’exception de Corfou, que les Sporades ou les Cyclades, les îles ioniennes échappent en partie – pour combien de temps encore ? – aux hordes touristiques qui envahissent, dès les beaux jours, les îles grecques. Cet archipel à la végétation abondante dispose d’un climat doux et relativement humide. Il est composé de sept îles, dont quatre formaient le royaume d’Ulysse : Céphalonie, Zante, Leucade et Ithaque. Des noms mythiques qui résonnent dans la tête du voyageur comme autant de repères imaginaires devenant, au fil de la navigation, réalité. Ici, pas de traces du passé, ou si peu. Et pourtant, il ne faut pas trop d’imagination pour comprendre pourquoi Ulysse tenait tant, après avoir parcouru le monde et affronté bien des aventures, à revoir Ithaque. Baignée par une eau turquoise, avec ses petits ports nichés dans des anses et ses criques délicieuses, l’île est un paradis.
L’épopée homérique.
Admirablement entretenue, elle est couverte de cultures en terrasses, de forêts de cyprès et d’oliviers au tronc noueux, qui composent d’étonnants dégradés de verdure aux reflets changeant selon l’heure de la journée. Des chèvres se promènent au milieu de ce paysage agreste, parsemé de sources claires. Quelques maisons fleuries proposent des chambres d’hôtes aux heureux visiteurs. Les archéologues s’interrogent toujours pour situer précisément la patrie d’Ulysse. Les restes d’une petite cité mycénienne retrouvés près de Stavros, à l’ouest de l’île, semblent confirmer l’épopée homérique. Mais d’autres pensent que le palais d’Ulysse était à Céphalonie, d’autres encore penchent pour Zanthe ou pour Lefkas (Leucade). Peu importe. La légende et l’histoire se confondent. Nous sommes ici au coeur de l’un des berceaux de notre civilisation et la force du mythe s’entremêle avec les hypothèses savantes. L’une d’entre elles, due au Pr Eva Cantarella, estime que c’est là, entre le IXe et le VIIIe siècle avant notre ère, que fut inventée la démocratie (lire « Ithaque. De la vengeance d’Ulysse à la naissance du droit », chez Albin Michel).
L’histoire de ces îles fut d’ailleurs assez agitée : dépendance vénitienne jusqu’au XVIIIe siècle, puis protectorat tour à tour russo-ottoman, français et enfin britannique, La « République des Sept-Iles » revient à la Grèce en 1864. On y retrouve quelques rares vestiges vénitiens, romains ou byzantins, notamment à Céphalonie, mais le tremblement de terre de 1953 a presque tout emporté.
Le pays des légendes.
Revenons à notre propre odyssée. Quittant la très british base de Vounaki, le bateau file sur Vasiliki, petit port pittoresque caché au fond d’une baie profonde, au sud de Lefkas. Ici, le vent qui descend de la montagne provoque parfois des courants qui font la joie des surfeurs. En chemin, nous croisons Skorpios, petit bijou d’émeraude posé sur un écrin de mer aux reflets saphir. Il n’en fallait pas moins pour que le milliardaire, Aristote Onassis, séduise la Callas et Jackie Kennedy. On ne peut pas y débarquer, mais le mouillage est autorisé. Au milieu des jardins à perte de vue, on aperçoit sa légendaire maison rose. Au terme d’une vie agitée, qui fut aussi une légende, le plus célèbre des armateurs grecs y repose en paix, dans une chapelle privée, aux côtés de sa fille Christina.
Parmi les étapes marquantes de ce périple, signalons Kioni, sur la côte est d’Ithaque, où il faut arriver tôt pour trouver une place au milieu des petits bateaux de pêcheurs, dans ce minuscule port aux maisons colorées, blotties à flanc de coteau, parmi les cyprès et les oliviers. D’excellentes tavernes régalent le voyageur d’une délicieuse cuisine locale. De l’autre côté d’Ithaque, au nord de Céphalonie, Fiskardo fait figure de « Saint-Tropez » grec depuis que les Anglais s’y sont installés. Un décor de carte postale où, là aussi, d’accueillantes tavernes vous proposent des plats revigorants, arrosés d’un agréable vin, le robola, une production locale tout à fait honorable. A Céphalonie, ne pas oublier de visiter Assos, de grimper jusqu’aux ruines de son château fort, au bout d’une presqu’île perdue dans la brume, et la baie de Myrto, dominée par une impressionnante falaise blanche.
N’oublions pas non plus Sivota, à Levkas, pour un mouillage bien protégé, avec ses terrasses envahies de bougainvillées, ou encore Kalamos, sur l’île du même nom, un port de pêche surmonté d’un village magnifique, aux ruelles fleuries et parfumées d’odeurs de jasmin.
Au terme de cette escapade enchanteresse, pour prolonger l’impression de plénitude que vous auront laissée ces îles chargées de légendes, vous pourrez vous replonger dans la lecture de Homère et refaire le parcours, quelques siècles plus tôt.
Pour partir
TRANSPORTS :
Deux possibilités pour atteindre la base Sunsail de Vounaki : Paris-Londres-Preveza (à côté de la base) sur First Choice, à partir de 510 euros aller/retour et une nuit d’hôtel à Londres comprise (départs et retours le dimanche), ou Paris-Athènes + car (environ 6 heures pour rejoindre Vounaki) à partir de 510 euros également.
FORMALITÉS :
Passeport ou carte d’identité.
CLIMAT :
Méditerranéen tempéré, pas de saison de pluie. 3 000 heures d’ensoleillement par an.
Santé :
Aucun vaccin n’est obligatoire.
DÉCALAGE HORAIRE :
+ 1 heure.
BATEAUX :
Beaucoup de modèles à louer, dont des monocoques Océanis 423 pour 6/8 personnes, à partir de 1 980 euros la semaine, ou Cyclades 50.4 pour 8/10 personnes, à partir de 2 260 euros la semaine ; des catamarans Lagoon 410 pour 8/10 personnes, à partir de 3 000 euros la semaine. Possibilité d’avoir un skipper (115 euros par jour) ou une hôtesse cuisinière (115 euros par jour également).
RENSEIGNEMENTS :
– Sunsail, tél. 0.800.33.15.15 et www.sunsail.com.
– Office national hellénique de tourisme, 3, avenue de l’Opéra, 75001 Paris, tél. 01.42.60.65.75 et www.grece.infotourisme.com.
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