DE NOTRE CORRESPONDANTE
C'EST UNE ASSEMBLÉE GÉNÉRALE historique qui s'est tenue à Lyon, le 8 mars dernier, à l'appel de l'intersyndicale (MG 69, le Syndicat des médecins du Rhône affilié à la FMF et à Espace Généraliste). Historique autant par la forme que par la teneur des propos échangés par les quelque 70 médecins présents – «soit 7 à 8% des généralistes qui exercent vraiment la médecine générale», a estimé le Dr Roger Bolliet, président de MG 69 – dont certains, bien qu'ils exercent au fin fond du département, avaient fait le déplacement. D'emblée, le Dr Bolliet a planté le décor : «Les généralistes n'auront que ce qu'ils iront chercher: cette AG a donc pour objectif de nous faire sortir de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui.» Au regard des échanges qui ont suivi, « impasse » ferait presque figure de doux euphémisme. Si les revendications tarifaires ont, bien entendu, été évoquées – «les généralistes sont devenus des sous-médecins sans les sous», a ironisé l'un des participants en aparté –, c'est incontestablement le besoin de reconnaissance des autorités de tutelle, des politiques, mais aussi de leurs pairs spécialistes libéraux et hospitaliers, qui a dominé le débat. «Il s'agit de la priorité des priorités», a confirmé le Dr Georges Granet, représentant du SMR et généraliste à Sainte-Foye-lès-Lyon. Or, comme l'a constaté son confrère Xavier Lainé, en exercice à Oullins et membre du collège lyonnais des enseignants en médecine générale, «nous sommes englués dans un système qui ne permet pas cette reconnaissance». Certes les facultés de médecine lyonnaises auraient, selon lui, timidement commencé à mettre en place des stages de médecine générale, mais sur leurs fonds propres, espérant avoir les budgets nécessaires en octobre prochain…
Pour sa part, le Dr Gilbert Souweine, généraliste à Vénissieux et membre de ce même collège, s'est emporté contre les promesses, que le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, n'a pas tenues, de réaliser un « référentiel métier » sur la médecine générale. «On nous prend pour des boeufs», a-t-il fini par lâcher.
« One man show ».
Une fois de plus, les médecins ont évoqué leur extrême lassitude face à la paperasserie qui envahit leur quotidien et leur sentiment d'être obligés de combattre sur tous les fronts. «On fait la comptabilité, le secrétariat, la femme de ménage, et on soigne en plus», a détaillé la secrétaire de MG 69 en décrivant son exercice comme un «one man show». Lors du « phoning » destiné à mobiliser les médecins en amont de cette AG, beaucoup sembleraient avoir exprimé une «souffrance». «La reconnaissance de notre profession est un enjeu de société», a estimé le Dr Lainé. Aussi, l'intersyndicale a-t-elle proposé de suivre l'exemple drômois : selon MG 69, la moitié des généralistes ont officiellement remis une demande de qualification de spécialiste au conseil départemental de l'Ordre, le 8 mars. Il a également été décidé d'arrêter la télétransmission, en reprenant les feuilles de soins papier et en cotant la consultation CS, tout en laissant à l'initiative de chacun d'y associer une majoration, «si possible en écrivant comme des cochons à l'encre rouge ou verte pour que la caisse ne puisse pas scanner la feuille!», a suggéré le Dr Marcel Garrigou-Grandchamp, du syndicat Espace Généraliste. Mais surtout, les participants sont convenus d'une nécessité urgente : celle de sortir du corporatisme et d'engager un travail pédagogique auprès des patients. «Si la population ne comprend pas nos revendications, nous n'aurons pas d'écho», a averti l'un d'eux, en ajoutant qu'il fallait «dire aux patients que nous sommes une espèce en voie de disparition».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature