La mobilisation des généralistes se révèle particulièrement forte dans le Nord - Pas-de-Calais où certains secteurs géographiques enregistrent une participation voisine des 100 %.
Comme les 30 urgentistes de SOS-Médecins Lille-Roubaix-Tourcoing suivent également le mouvement, il devient difficile de joindre un médecin libéral après les horaires de rendez-vous. Les quelques médecins réquisitionnés par le préfet ne suffisent pas à assurer les gardes et le centre 15 est proche de la saturation : selon certaines sources, on friserait le chiffre de 40 % d'appels supplémentaires. Cette mobilisation est à la mesure du profond mécontentement ressenti par les généralistes de la région. « Si on veut que les médecins assurent les gardes, il faut leur en donner les moyens, souligne le Dr Denis Thuin, généraliste à Maubeuge. Dans notre secteur, les médecins de garde ont en moyenne 4 à 8 appels par nuit, avec une proportion de 80 % de CMU payés avec des délais considérables. Nous devons aller dans des zones dangereuses où l'insécurité est permanente. Nous y allons seuls avec notre mallette. Il n'est pas normal que ces gardes soient aussi mal rémunérées. Je suis fier de faire ce métier... Mais pas à ce prix-là ! » Au-delà de la revalorisation de la visite, qui est certes attendue par tous les praticiens, c'est aussi une amélioration de leurs conditions de travail que réclament les médecins en grève : « Nous sommes dans une société où toutes les revendications sont prises en compte. Mais il faut prendre garde à ne pas créer deux catégories de travailleurs : ceux qui bénéficient des 35 heures et d'une certaine qualité de vie, et les autres qui triment de plus en plus. »
Un sentiment partagé par le Dr Jean-François Rault, généraliste à Villeneuve-d'Ascq, dans la métropole lilloise. « Au moment où tout le monde réduit ses horaires, nous, nous voyons nos journées s'allonger et notre qualité de vie se détériorer. Notre ras-le-bol est général : nous aspirons à un plus grand respect de notre profession et à une responsabilisation des patients. C'est intolérable qu'ils nous appellent pour rien et qu'ensuite ils portent plainte à la moindre occasion. »
Pierre-Louis Baudson, généraliste à Solre-le-Château, a des mots encore plus forts pour dénoncer le manque de considération dont souffre la profession : « Je trouve humiliant de faire des visites pour 20 F (de plus que le tarif ordinaire de la consultation) . Dans mon secteur, je suis de garde une nuit par semaine et un week-end toutes les six semaines... Cette disponibilité me pèse de plus en plus, d'autant qu'il devient très difficile de trouver des remplaçants. Le changement de tarifs ne résoudra pas tout. Il est urgent de résoudre ce problème des remplacements, sinon nous deviendrons des bagnards.Economiquement, la situation n'est pas tenable. Il y a des limites au sacerdoce. Il faut que les honoraires soient alignés sur ceux des autres services. En tout cas, j'espère que la grève sera dure et longue. »
Dans le Nord - Pas-de-Calais, elle est bien partie pour durer. La détermination des médecins ne fléchit pas, au contraire. Et les méthodes utilisées pour les réquisitions contribuent à durcir le climat : « J'ai trouvé trois policiers dans mon couloir samedi matin pour me signifier ma réquisition durant trois jours », peste ce médecin de la métropole lilloise.
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