ARTS
A en croire Hérodote, le premier roi Scythe serait issu de l'accouplement d'Héraclès et d'une sirène du Dniepr. Une manière de souligner que ce peuple nomade, venu de l'Est lointain, trouverait dans la civilisation grecque qu'il rencontra un élément propre à féconder ses forces vitales.
Les Scythes sont des cavaliers émérites, qui vont s'installer en lieu et place des Cimmènes qu'ils déplacent en s'installant sur les rives de la mer Noire, sous les nuées et les brumes, à en croire les stances de « l'Odyssée ». Ils mènent leurs conquêtes territoriales à la pointe de leur épée et sous l'énergie des vents du désert. Stoppant les rêves hégémoniques de ces rois repus et dont les peuples sont sédentaires, comme le roi Darius. On est alors dans les années 750 avant J.C. Rome émerge de la nuit, et la civilisation assyrienne connaît ses heures de gloires. Du choc des civilisations naissent des formes d'une heureuse mixité.
Un bestiaire idéalisé
Dans l'ampleur de leurs mouvements, ces cavaliers ne refusent pas les contacts avec les autres civilisations. Certains iront vers l'Assyrie, d'autres trouveront dans l'élan civilisateur des Grecs un enrichissement de leur propre vocabulaire esthétique. Celui-ci est étroitement lié à leurs conditions de vie. Energique, virile, avec quelque chose de sombre et de somptueux, de violente et de fanatique. L'affrontement de la mort et le respect de rites aussi étranges qu'effrayants. Sophocle fera une tragédie (perdue) de leur aventure en 455, et Hérodote, publiant en 430 ses « Enquêtes (Histoires) », apporte un rare témoignage sur leurs murs.
Les objets parlent de leur orgueil et de leur goût du faste, de leur violence aussi, et de leurs étranges rapports avec les animaux, en particulier le cheval, qui est au cur de leur civilisation comme il est le moteur de leur vie quotidienne. C'est un bestiaire idéalisé autant que stylisé qui orne les armes et harnachements d'or précieux. Sur les boucles des harnais, le fourreau des épées, les plaques de carquois, les plaquettes ornementales des coiffes, « aigles et léopards attaquent le cerf et le cheval ». Une figuration dynamique, traduisant le goût du mouvement qui est la force de leur civilisation, lui donne tout son sens.
C'est bien la leçon donnée par un art qui épouse si étroitement le mode de vie de ceux qui en usent, l'ayant inventé. Une civilisation sans monument, toujours à l'affût d'un nouvel horizon, balayant du galop furieux des coursiers les plaines d'un lointain horizon.
Alors qu'il y a des civilisations qui s'arriment dans un sol pour durer, les Scythes sont l'image de la quête perpétuelle d'une terre, mais plus attirés sans doute par les promesses du ciel qui dessine au loin de plus fabuleux paysages.
Dans leur course folle, ils vont s'oublier, s'enlisant là où ils se sont un temps arrêtés. Dans les années 300, après la mort d'un roi scythe, Atéas, le déclin s'amorce. Les Sarmates les supplantent. L'Histoire les fige dans la splendeur de leur tumultueuse et magnifique aventure.
« L'Or des rois Scythes », Galeries Nationales du Grand-Palais, jusqu'au 31 décembre. Tous les jours, sauf le mardi, de 10 h à 20 h, le mercredi jusqu'à 22 h. Entrée 57 F. Un catalogue édité par la RMN.
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