SAMEDI 27 SEPTEMBRE, une équipe du SAMU 26 est appelée à Valence pour prendre en charge une dame âgée de 87 ans victime d'un malaise cardiaque. Malgré toutes les tentatives du médecin pour la ramener à la vie, la vieille dame meurt. Mais une semaine plus tard, le 4 octobre, sur la foi d'un rapport du directeur de l'hôpital, le médecin est placé en garde à vue, soupçonné d'homicide volontaire. Le document en question fait état, de la part du médecin urgentiste, «de gestes tout à fait bizarres au regard de la pratique médicale normale», comme celui d' «avoir posé sa main à plusieurs reprises et longuement sur la bouche de la victime, un geste qui pourrait ressembler à une tentative d'étouffement». Durant la garde à vue, le procureur de la République de Valence indique notamment que «certains éléments du dossier laissent penser que le médecin a commis un acte de nature volontairement contraire aux pratiques médicales normales».
Si bien que dimanche matin, le parquet ouvre une information judiciaire pour «homicide volontaire» et place le médecin sous «un strict contrôle judiciaire, lui interdisant de pratiquer sa profession».
Mais aussi vite qu'elle s'était gonflée, la baudruche se dégonfle. Ce que certains avaient pu interpréter comme une tentative d'étouffement n'était en fait, selon l'avocat du médecin urgentiste, qu'un geste destiné à fermer la bouche de la vieille dame, dont la mâchoire, juste après sa mort, a connu des mouvements réflexes dits de gasp. Dimanche soir, le médecin urgentiste est remis en liberté, sous le statut de témoin assisté à sa demande même, afin de garder un accès au dossier. Reste que cet urgentiste été jeté en pâture à la vindicte publique et accusé ni plus ni moins que d'homicide volontaire.
Le Dr Marc Giroud, président de SAMU de France, est un peu abasourdi : «Les déclarations du procureur nous ont sonnés. Il est allé trop vite, trop loin, avec des mots inacceptables. Il s'est emballé, a porté des jugements définitifs, nous allons réagir.» Le patron du SAMU ne comprend pas que l'on puisse parler «d'homicide volontaire sur une femme déjà morte».
Mais Marc Giroud a également des mots durs à l'encontre du directeur d'établissement, qui a alerté l'institution judiciaire sans prendre le temps de diligenter une enquête interne : «Il s'est affranchi de ses responsabilités en livrant le médecin à la justice.» Quant à la réaction évoquée par Marc Giroud, il estime prématuré d'en dessiner les contours : «Nous leur reprochons d'avoir agi dans la précipitation, nous n'allons pas en faire autant. Nous allons analyser cette affaire à tête reposée, mais elle ne restera pas de notre part sans réaction conséquente.»
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