« Frou-Frou les Bains », ça se chante, ça se danse, ça se joue, ça s'interprète. Frou-Frou les Bains, comme son nom l'indique, ce n'est pas très sérieux. Juste un divertissement avec ce qu'il faut de naïveté, de coquineries, de coquetteries, de sentiments excessifs pour que le public s'amuse et accepte, de tout son coeur, l'intrigue simplette et les personnages caricaturaux imaginés par Patrick Haudecoeur, auteur d'un « Thé à la menthe ou t'es citron » qui avait séduit plusieurs générations de spectateurs.
« Frou-Frou les Bains » est de même essence et produit les mêmes effets : de 7 à 77 ans et au-delà, le public est aux anges et les plus grincheux, les âmes trop délicates qui jugeraient la pochade indigne de leurs aspirations sont bien obligés d'en convenir : ça marche !
La situation est celle d'un aimable vaudeville : dans l'unique hôtel de la station thermale dirigée par un homme à poigne (Urbain Cancelier), c'est l'affolement. Plus une goutte d'eau dans les tuyaux. Que vont dire les clients très chics qui arrivent tout à l'heure ? La sensuelle baronne (Isabelle Tanakil), flanquée d'un fils neu-neu (Guillaume Laffly) mais qui ferait un beau parti pour la fille de la maison (Paola Landolt), sauf qu'elle en pince pour le très maladroit employé de son père (Patrick Haudecoeur, qui aime en faire des tonnes, c'est son style)... Un plombier est appelé à la rescousse. Il ne vient pas et Monsieur Gronsard, curiste bien décidé à mincir (Jean-Pierre Lazzerini), est victime d'une terrible méprise tandis qu'il s'amourache de la belle Melle Mathilde (Isabelle Spade, formidable) qu'il faut consoler parce qu'elle a perdu son petit chien Kiki. Ajoutez un peu de petit personnel (Patricia Grégoire et Edouard Prétet), installez quatre excellents musiciens dirigés par Vincent Prezioso en fond de décor, et tout est en place.
D'accord, tout cela est assez simplet et Haudecoeur en rajoute à l'envi sur la base de mécanismes bien huilés : comique de répétition, quiproquos, rencontres inopportunes, cavalcades et exagérations en tout genre. La comédie est prétexte à chanter. Seul, à deux, en choeur avec un sommet lorsque le brave Gronsard prend du plus faux qu'il peut l'un des airs (une performance irrésistible de Jean-Pierre Lazzerini, au demeurant excellent). Belles chansons que l'on connaît et qui sont bien interprétées par des acteurs qui savent danser, chanter, faire des claquettes, etc. C'est dans cette alternance entre des scènes de comédie à grosses ficelles et la délicatesse de certaines de ces grandes pages d'un répertoire délicieusement suranné, que se noue l'efficacité spectaculaire qui culmine avec la reprise, par toute la salle, de « Amusez-vous » de Willemetz et Heymann. Amusez-vous, foutez-vous de tout : une parenthèse dont on devine que le public a besoin, ces temps-ci...
Théâtre Daunou, à 20 h 30 du mardi au samedi, à 17 h 30 le samedi et à 15 h 30 le dimanche. Durée : 2 h 15 entracte compris (01.42.61.69.14).
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