« Il est conseillé de boire un petit verre de vin de temps en temps pendant la grossesse » – c’est apparemment ce que pense plus d’un quart (27 %) des Français, selon une enquête publiée ce mercredi par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) et la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), à l’occasion de la Journée mondiale de sensibilisation au syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF).
Juste un verre, pour les grandes occasions...
Et les révélations édifiantes de cette enquête – menée par l’Institut BVA fin juin sur « un échantillon représentatif de la population française » : 1 000 personnes âgées de 15 ans et plus – ne s’arrêtent pas là : seulement un quart (25 %) de la population affirme que « la moindre consommation d’alcool » entraîne des conséquences graves pour le nouveau-né. Pour la majorité des Français, le risque n’existe que pour une consommation excessive. Ainsi 18 % d’entre eux pensent qu’une femme enceinte peut boire quelques gorgées d’alcool de temps en temps, 37 % estiment que les risques n’apparaissent pour le nouveau-né que si l’on consomme de l’alcool quotidiennement, et 39 % considèrent qu’un verre pour les grandes occasions ne pose pas de problème.
La bière, bonne pour la montée de lait...
« Il y a un manque d’information catastrophique. Encore aujourd’hui, certaines personnes d’influence dans notre société vont vous dire que la bière est bonne pour la montée de lait, que la bière n’est pas de l’alcool, que ce n’est pas grave de boire une petite bière, etc. », fait remarquer le Pr Olivier Cottencin, addictologue au CHRU de Lille, en réaction aux données de l’enquête. Si tous les enfants ne présentent pas obligatoirement des signes évidents d’alcoolisation fœtale, « on ne peut pas se permettre, quand on voit ce que ça peut faire comme dégât, de jouer à la loterie ! »
Un message sanitaire quasiment inconnu
Visiblement, le message sanitaire préconisant l’absence de consommation d’alcool pendant la grossesse, obligatoire depuis 2006-2007 sur les contenants de boissons alcooliques, n’est pas passé… L’enquête montre que seul un Français sur deux connaît l’existence de ce message.
Face à ces résultats déroutants, couplé au fait que les femmes en âge de procréer consomment de plus en plus d’alcool, Danièle Jourdain Menninger, présidente de la MILDECA, indique qu’une « action publique forte et ciblée » est justifiée.
Elle précise que des expériences pilotes de prévention seront menées en Aquitaine et à La Réunion, visant à sensibiliser la population générale mais également les professionnels de santé, « qui eux aussi ont parfois du mal à faire la part entre zéro consommation et le petit verre de temps en temps », confie-t-elle.
Et le Pr Cottencin de conclure : « En termes de santé publique, vous ne pouvez pas vous permettre de dire "oui bon, un petit verre de temps en temps, c’est pas grave" – les gens ne comprennent pas les messages modérés, ils comprennent les slogans, il faut tailler dans le vif – zéro alcool. Après, à titre individuel, face à une patiente qui a bu pendant sa grossesse, d’abord je dédramatise, mais je dirai quand même de ne plus boire. »
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