Une étude présentée par le Dr Cédric Rat (1) dans le champ du mélanome témoigne des difficultés pour les professionnels d’assurer dans certains cas la continuité des actions de dépistage des cancers. L’enquête menée dans le cadre de la cohorte COPARIME, montre qu’une part importante de patients identifiés comme à haut risque de mélanome par leurs médecins généralistes, puis inclus avec leur consentement dans un dépistage ciblé, ne consulte finalement pas de dermatologue vers qui ils sont pourtant orientés. Sur 1 506 patients de Loire-Atlantique et de Vendée envoyés en avril 2011 pour examen complémentaire d’une lésion suspecte auprès d’un de ces spécialistes, un peu plus de la moitié a consulté au bout de six mois. Les analyses montrent généralement que plus les patients sont jeunes, moins ils se sentent concernés par le mélanome. De même, plus le niveau d’éducation est faible, moins les patients donnent suite à l’invitation de consulter un dermatologue. « Ces enquêtes montrent l’utilité de repérer les profils de patient les moins observants et l’importance de dispenser une information claire et personnalisée », souligne le Dr Rat.
Autre pathologie et autre aberration sanitaire aux Antilles, où le niveau de mortalité par cancer du col se révèle deux fois supérieur à celui observé en France métropolitaine en dépit d’un taux de couverture de dépistage similaire. Dans le cadre de l’enquête observationnelle CONSENT (menée en 2007 en Guadeloupe) le Dr Philippe Carrere (2) a montré à partir d’un échantillon de 441 femmes de 25 à 64 ans, que cette surmortalité résultait moins d’un problème de dépistage que d’un problème d’accès aux soins de second recours chez les femmes touchées par des facteurs socio-économiques défavorables (bas revenus, faible niveau d’éducation). Ici, « le dépistage organisé ne suffit pas, car il faut aussi que toutes les femmes concernées puissent adhérer au parcours de soins, parfois complexe, qu’on leur propose », indique le Dr Carrere qui insiste sur le caractère critique de l’accompagnement de ces patientes qui fait encore aujourd’hui souvent défaut.
(1) Département de médecine générale de la faculté de médecine de Nantes
(2) Chef de clinique à l’université de médecine générale de Pointe-à-Pitre
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