Au château de Vascœuil

Dali en miettes

Publié le 04/10/2001
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ARTS

Où situer Dali, insupportable personnage qui gâchera son talent immense dans des provocations puériles, des hâbleries irritantes, des options contestables ?

Un métier inouï, une imagination féconde, un réservoir de fantasmes propre à enchanter tous les observateurs de l'inconscient humain par sa prodigalité, son étrangeté. Mais, jouant sur l'éclat, la farce facile, Dali s'ébroue devant son public, mettant son art au service de fanfaronnades, soulignant par un discours facilement provocateur une gestuelle qui doit plus au cirque qu'au musée.
Une centaine d'Œuvres (huiles, dessins, gouaches, sculptures, estampes) témoignent d'une activité créatrice d'une cinquantaine d'années (de 1922 à 1977), révélant les divers aspects d'une démarche qui fut, en son meilleur moment, dans le sillage profond du surréalisme, et, dans ses égarements, à la recherche parfois pathétique des échos d'une enfance tourmentée et dont il ne faisait pas secret.

Un pourfendeur des médiocrités de la pensée

D'ailleurs, à l'en croire, « le clown, ce n'est pas moi, mais cette société monstrueusement cynique qui ne reconnaît pas dans sa naïveté celui qui ne se prend au sérieux que pour dissimuler sa folie ».
Le meilleur en son œuvre plonge le regard dans l'intensité des délires les plus minutieux dans leur rendu narratif, les mieux maîtrisés dans leur mise en scène. On est là face aux immensités oniriques qui resteront parmi les grandes pages de la peinture fantastique.
Mais dans un souci de se confronter aux courants de son temps, peut-être de les défier, il s'égare aussi dans un esprit « gadget », en particulier dans sa sculpture, qui n'est pas à la hauteur de ses ambitions de peintre révélateur des mystères de la réalité, des fougues de l'inconscient, de ce qu'il appellera la méthode paranoïaque critique.
Une production abondante, désordonnée, perturbe la cohérence de sa démarche. Il n'en reste pas moins un pourfendeur des médiocrités de la pensée. Une pensée fulgurante en perpétuelle oscillation entre intuition et facilité.

Château de Vascœuil, Vascœuil 27910. Jusqu'au 21 octobre.

J.-J. L.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6982