« Milieu de semaine, jeudi soir, 6h30. Il n’y a, dans l’entrée de l’hôtel Biltmore, qu’une poignée de clients qui cherchent des garçons d’étage pour les accompagner dans les ascenseurs. Rares sont ceux qui remarquent la jeune femme qui vient d’y pénétrer, absolument superbe avec ses cheveux d’un noir de jais, et escortée par un jeune rouquin à l’air inquiet. »
Nous sommes le 9 janvier 1947 à Los Angeles. La jeune Elizabeth Short, 22 ans, n’a plus que quelques heures à vivre. Le 15, on va retrouver son corps coupé en deux, mis en scène et terriblement mutilé, dans un terrain vague. L’affaire dite « du Dahlia noir » débute ; elle ne sera jamais résolue. Elle va inspirer romanciers et cinéastes jusqu’en ce début du XXIème siècle.
Parmi cette production : le récit de l’enquête minutieuse menée à partir de 1999 par l’ex-inspecteur des Homicides de Los Angeles, Steve Hodel.
L’histoire de cette investigation est rocambolesque. Car ce n’est pas une quelconque fascination professionnelle qui a poussé Steve Hodel à rouvrir le dossier « Elizabeth Short » mais… la succession de son père.
Un monstre surdoué
Le 17 mai 1999, George Hill Hodel passe l’arme à gauche. Crise cardiaque, il a 92 ans. Une vie peu commune s’achève. Surdoué, prodige de la musique, l’homme avait fait ses études de médecine à San Francisco, ouvert un cabinet médical à Los Angeles, puis s’était installé à Hawaï en tant que psychiatre avant de s’expatrier en Extrême-Orient où il s’était transformé en homme d’affaires.
Dans les malles de son père défunt, Steve Hodel trouve plusieurs clichés d’une jeune fille qu’il identifie comme le Dahlia noir. Sa curiosité est piquée, il va tirer le fil. Se plonger dans les archives de la police et de la presse locale et conclure, incrédule, à la culpabilité de son père, probablement amant d’Elizabeth Short. Au fur et à mesure que l’enquête avance et que les zones d’ombre reculent, le Dr Hodel passe du statut de touche à tout génial à celui de monstre pervers, entouré d’amis pour certains célèbres (Man Ray, John Huston…) non moins troubles.
Et à lire son fils effaré, on comprend aussi que le statut de médecin de George Hodel est étroitement lié à son crime – et à sa non résolution. Parce que des experts en chirurgie ont affirmé que seul un médecin pouvait avoir opéré la séparation en deux du corps d’Elizabeth Short, tant elle avait été proprement menée. Et parce que, entendu par la police lors de l’enquête initiale, George Hodel s’en est sorti, sans doute protégé par des secrets médicaux compromettants.
Steve Hodel, « L’affaire du Dahlia noir », Seuil, 2005.
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