De 0,01 à 0,5 % des femmes sont atteintes de cystite interstitielle, affection qui touche de façon exceptionnelle l'homme (moins de 10 % des sujets affectés). Cette pathologie, à formes cliniques très variables, se traduit par des signes subjectifs - pesanteur et douleurs pelviennes, sensation d'inconfort - et par des signes objectifs tels que des besoins fréquents et impérieux d'uriner.
Une étiologie encore mal connue
L'étiologie des cystites interstitielles est encore mal connue. Différents mécanismes physiopathologiques ont été proposés : microbiologique, immunologique, muqueux, neurogénique, etc. Mais aucun d'entre eux n'a encore fait la preuve formelle de son implication. Le diagnostic de cystite interstitielle reste, à l'heure actuelle, un diagnostic d'exclusion.
Aucun traitement n'a encore fait la preuve de son efficacité à long terme. Différentes méthodes ont été proposées. Elles peuvent être utilisées seules ou en association. En raison de l'amélioration de la symptomatologie de certains patients dans les suites de la pratique des cystoscopies à visée diagnostique, des techniques de distension de la vessie ont été mises au point. L'amélioration clinique pourrait être en rapport avec une majoration des capacités de remplissage vésicale ou avec un amoindrissement des signaux douloureux transmis par les nerfs vésicaux. Mais, actuellement, ce sont les instillations vésicales qui sont le plus utilisées chez les sujets atteints. La vessie est remplie avec une solution de diméthyl sulfoxide (DMSO, RIMSO-50, le seul traitement approuvé par la FDA dans cette indication) qui est laissée en place pendant une durée de dix à quinze minutes. Ce traitement est répété de façon hebdomadaire ou bihebdomadaire pendant six à huit semaines. La plupart des patients répondeurs à ce traitement notent une amélioration de la symptomatologie trois à quatre semaines après la fin du cycle d'instillations. Le DMSO pourrait agir en réduisant l'inflammation muqueuse locale ou en prévenant les contractions musculaires à l'origine de la douleur et des besoins impérieux. L'un des effets indésirables de ce traitement tient à l'odeur caractéristique d'ail des urines, de la peau et de la salive qui peut persister jusqu'à soixante-douze heures après l'arrêt du traitement.
Des médicaments utilisables par voie orale ont aussi été proposés : le polysulfate sodique de pentosan (approuvé aux Etats-unis en 1996), l'aspirine et l'ibuprofène pour leur action anti-inflammatoire et les antidépresseurs, antihistaminiques, voire les analgésiques morphiniques, qui sont parfois prescrits chez les patients les plus atteints.
Des stimulations électriques transcutanées ont aussi été proposées. Cette technique, utilisable par le patient à domicile de quelques minutes à deux heures par jour, permet de majorer le flux vasculaire au niveau de la vessie et de renforcer les muscles sphinctériens. Enfin, différentes interventions chirurgicales ont été proposées : fulguration, résection, voire cystotomie.
Depuis 1994, des essais d'utilisation de BCG thérapie ont été entrepris chez des patients atteints de cystite interstitielle. La première des études publiées [« Urology », 1994 ; 43 (1) : 121-124] faisait état d'une amélioration de la symptomatologie (capacités cystométriques, fréquence des mictions diurnes et nocturnes, sensation d'inconfort) chez 5 patients tests. En 1997, une étude [« J Urol », 1997 ; 157 (6) : 2090-2094] en double aveugle, prospective contre placebo faisait état, à huit mois, d'une amélioration de la symptomatologie dans 60 % des cas chez les patients recevant du BCG (15 sujets), contre 27 % dans le groupe placebo (15 sujets). Ces patients ont été suivis pendant en moyenne vingt-sept mois et la proportion de sujets répondeurs dans le groupe BCG est passée à 89 % [« J Urol », 1998 ; 159 (5) : 1483-1486].
Interleukine 2, 6 et 8 dans le liquide de rinçage vésical
Des urologues du Michigan ont analysé les modifications immunitaires locales induites par la BCG thérapie chez 15 malades atteints de cystite interstitielle. Ils ont noté une élévation significative de l'IL2, de l'IL6 et de l'IL8 dans le liquide de rinçage vésical [« Urology », 1999 ; 54 (3) : 450- 453]. Après le publication en 2000 d'une étude négative sur l'effet du BCG chez 21 patients [« J Urol », 2000, 164 (6) : 1921], des urologues américains ont décidé de mettre en place une grande étude en double aveugle contre placebo sur 260 sujets afin de préciser l'efficacité de ce traitement à court, moyen et long terme.
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