Le cyclophosphamide utilisé à hautes doses est à même de traiter des formes modérées à sévères de lupus. Des chercheurs du Johns Hopkins Hospital ont obtenu chez 14 patients certains succès qu'ils publient en détails dans le dernier numéro de la revue « Arthritis and Rheumatism »*.
Les 14 patients de l'étude présentaient des atteintes significatives des organes internes et étaient résistants au traitement standard. Ils ont été traités au Lupus Center and Kimmel Center pendant quatre jours par de fortes doses de cyclophosphamide par voie intraveineuse. Après un suivi moyen de plus de deux ans et demi, les médecins ont constaté des réponses complètes chez cinq patients, dont trois sont restés en rémission après interruption complète du traitement. Six patients ont bénéficié d'une réponse partielle et ont pu prendre un immunosuppresseur, antérieurement inefficace chez eux, à doses réduites. Chez deux patients, il n'y eut pas de réponse et un autre patient a répondu mais a développé une atteinte rénale.
Sans greffe de cellules souches
Après ces succès, une étude chez un nombre plus important de patients est en cours dans le lupus actif menaçant les organes internes, à l'aide du cyclophosphamide utilisé sans greffe de cellules souches et comparativement au traitement standard. Une atteinte des organes se développe chez plus de la moitié des patients lupiques en dépit du traitement standard.
Michelle Petri et coll. ont accompli ce travail après avoir réalisé des études préliminaires dans des maladies auto-immunes et dans l'anémie aplasique. Ils ont montré que de fortes doses de cyclophosphamide pouvaient être efficaces. Les chercheurs évoquent un effet de « reprogrammation du système immunitaire ». Selon eux, il est possible que le cyclophosphamide agisse en éradiquant le lupus, puis en annulant les défauts immunitaires et qu'il permette ainsi la reprise d'un fonctionnement normal. Les cellules souches hématopoïétiques ne sont pas détruites par le cyclophosphamide.
Selon l'équipe de Johns Hopkins, il n'est pas utile de procéder à une greffe de moelle après le traitement, ce que d'autres équipes contestent.
Dans les formes modérées à sévères de lupus, le traitement standard est constitué de cyclophosphamide donné mensuellement à doses moindres. Une réponse complète est relevée seulement chez un quart des patients au bout de six mois. On continue le traitement chez les patients résistants, au prix d'effets secondaires significatifs (atteintes ovariennes, ostéoporose, hypertension, infections). Les effets secondaires ont été peu importants dans la dernière étude.
* « Arthritis and Rheumatism », janvier 2003, vol. 48.
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