La culture et l'hôpital : ces deux mondes a priori étrangers s'engagent désormais dans un vaste mouvement d'interpénétration. La culture entre à l'hôpital ou plutôt l'hôpital s'ouvre à la culture.
A l'occasion des premières Journées nationales de la culture, plus de 150 établissements hospitaliers ont décidé d'ouvrir leurs portes afin de faire connaître leurs activités culturelles.
Catherine Tasca se rendra à l'institut Marcel-Rivière à La Verrière, le samedi 16 mars, à 15 h 30. Elle assistera notamment à une répétition publique de la compagnie Black Blanc Beur pour sa prochaine création, « Break Quintet ». Cet hôpital dispose d'une salle de spectacle et propose des ateliers de pratique artistique aux patients et au personnel soignant.
La veille, Michel Duffour, secrétaire d'Etat au Patrimoine et à la Décentralisation culturelle, participera à la signature d'une convention de jumelage entre le théâtre des Amandiers, le Centre d'accueil et de soins, L'art à l'hôpital (CASH) de Nanterre et la ville de Nanterre.
Il y a quatre ans, Bernard Kouchner lançait avec Catherine Trautmann le programme « Culture à l'hôpital », afin que la culture et l'hôpital se rejoignent. 6 000 personnes, dont 70 % de bénévoles, œuvrent dans ces partenariats et ces jumelages. M. Kouchner souligne les enjeux considérables de la mise en place d'une politique culturelle dans l'hôpital : « En introduisant la culture à l'hôpital, il s'agit avant tout de respecter la personne, de s'intéresser non seulement à sa maladie, mais à sa vie. » L'animation culturelle peut renforcer la relation médecin-patient. « C'est par la culture et la parole échangée que la confiance s'instaurera à nouveau », a souligné le ministre. En se saisissant de l'information scientifique, les artistes la rendent souvent accessible au grand public. Ils peuvent donc contribuer à l'éducation thérapeutique, par exemple pour l'asthme, le diabète ou les pathologies psychiatriques. L'art et la médecine peuvent contribuer à leur réussite mutuelle.
Un lieu de vie, ouvert sur la cité
L'art a donné l'impression d'être intimidé par l'hôpital. Pourtant, les équipes soignantes ont souvent pris l'initiative de développer des activités culturelles, répondant à une attente de plus en plus importante de la part des malades. D'ailleurs, comme le remarque Catherine Tasca, « l'hôpital est, en soi, un lieu de culture par son histoire, qui est celle de la médecine, et son patrimoine architectural ». Les arts sont devenus des instruments de vie commune dans notre société. A l'hôpital comme ailleurs, ils constituent des liens sociaux.
Bernard Kouchner déplore une certaine « scientifisation » de la formation des médecins. « Pour ouvrir la médecine à la culture, la science doit revenir vers les arts et les lettres qui constituaient auparavant le socle de la formation des médecins (...) On sélectionne encore trop les praticiens par les sciences dures. »
De nouveaux métiers
Si l'action culturelle doit résulter d'une volonté politique, elle est ensuite assurée par les responsables culturels des établissements. Il s'agit là de nouveaux métiers. La question de leur statut et de leur potentielle professionnalisation doit être examinée.
Le ministère de la Culture a mis en place une formation spécifique, dont déjà 120 professionnels, ont bénéficié depuis trois ans.
Bernard Kouchner évoque la possibilité de faire figurer cette dimension culturelle dans le code de la santé publique, au même titre que la scolarisation des enfants.
Bien sûr, d'autres initiatives assureront le prolongement du mouvement. Comme l'Université européenne d'été 2002 à l'université Marc-Bloch de Strasbourg sur le thème « Musique en milieu de la santé et du handicap ». Mais c'est tout au long de l'année que les notes de musique, les rimes de Baudelaire et les rires des enfants résonnent désormais dans les hôpitaux.
« Ces journées nationales doivent devenir, au même titre que la Fête de la musique ou que le Printemps des poètes un grand moment populaire, en restant toutefois un événement spécifique à l'hôpital », déclare Catherine Tasca. Soulignant la présence, lors de cette présentation, du directeur culturel de l'hôpital de Genève, elle évoque le développement de projets identiques dans d'autres pays européens. La Grande-Bretagne, la Suisse, l'Irlande, la Suède et l'Italie se montrent intéressées. Le rendez-vous est donné l'an prochain, pour les premières Journées européennes.
Coordination générale : ADC-EP, 30, rue René-Boulanger, 75010 Paris. Tél. 01.40.03.94.70. Le programme des projets des établissements à travers toute la France sur le site www.culture.fr
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