En mai 1999, les ministères de la Santé et de la Culture signaient une convention sur la culture à l'hôpital. Organisé la semaine dernière à Paris par la direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins (DHOS), un séminaire a réuni plus de 150 responsables hospitaliers et culturels pour évaluer les progrès accomplis depuis cette date et prolonger cette politique au profit des malades et des personnels hospitaliers.
Jumelages entre hôpitaux et monuments, musées ou cinémas, expositions d'art et concerts ou promotion et mise en valeur du patrimoine historique, la culture à l'hôpital se présente sous de multiples facettes. Comme le rappelle le Pr Didier Sicard, cette démarche permet de casser l'image du « silence hôpital » et de le décloisonner, mais implique des interventions de qualité, qui vont bien au-delà de « quelques chromos et plantes vertes ». Les malades ont droit aux meilleurs musiciens ou aux meilleurs acteurs, pour une rencontre avec l'art à un moment souvent difficile de leur vie.
La convention de 1999 a donné aux hôpitaux la possibilité de s'adjoindre des « responsables culturels », souvent recrutés en emplois-jeunes, chargés de mettre en place et de coordonner leurs actions culturelles. Dans une dizaine de régions, les agences régionales de l'Hospitalisation se sont associées avec les directions régionales des Affaires culturelles (DRAC). Bernard Kouchner souhaite qu'augmente le nombre de ces partenariats dans les mois à venir. Certains hôpitaux ont déjà inscrit la politique culturelle dans leur projet d'établissement et plusieurs ARH veulent l'intégrer dans les prochains schémas régionaux d'organisation sanitaire (SROS III).
Au-delà de la méthode, le séminaire a montré la richesse et la variété des actions culturelles entreprises dans les hôpitaux du pays. Les programmes proposés tiennent compte de la variété des patients auxquels ils s'adressent. Les enfants et les personnes âgées, comme les malades restant longtemps ou venant régulièrement à l'hôpital, sont plus directement concernés que les patients « aigus » qui ne restent hospitalisés que quelques jours mais doivent pouvoir, eux aussi, profiter d'une uvre d'art, d'un concert ou d'un poème s'ils le souhaitent.
Un nouveau regard
Loin d'être un effet de mode, la culture à l'hôpital s'inscrit dans une démarche de qualité des soins et rapproche l'établissement de son personnel et de la ville. De plus, la rencontre entre l'artiste et l'hôpital favorise un nouveau regard sur la santé en général, qui peut permettre aux biens portants de mieux en comprendre les enjeux.
Les DRAC et les ARH aident les hôpitaux à financer ces actions et les établissements peuvent aussi s'appuyer sur le « cercle de partenaires de la culture à l'hôpital », qui réunit déjà quatorze grandes entreprises engagées dans le mécénat culturel : grâce à ces aides, les hôpitaux peuvent lancer des programmes culturels sans dépense élevée ; leurs contributions restent de toute manière très faibles par rapport à la masse de leurs budgets.
Des journées de la culture à l'hôpital les 15 et 16 mars
Catherine Tasca propose à tous les hôpitaux d'organiser chaque année des journées de la culture à l'hôpital, qui leur permettront de présenter aux malades, au personnel et au grand public l'ensemble de leurs activités culturelles. Lancées par la ministre de la Culture et le ministre de la Santé, les premières auront lieu les 15 et 16 mars. Catherine Tasca souhaite que les journées puissent, à terme, être organisées aussi au niveau européen.
Mme Tasca a rappelé que son ministère affecterait cette année 2 millions d'euros à la politique culturelle dans les hôpitaux. Elle entend leur donner la possibilité de bénéficier de commandes publiques d'uvres d'art et du 1 % artistique, qui permet aux constructions publiques d'intégrer l'élément culturel dans leur projet architectural.
Outre le développement des bibliothèques et de la lecture, Catherine Tasca veut favoriser l'accès des patients hospitalisés au cinéma et aux films de qualité. Elle invite les hôpitaux à renforcer leur politique de promotion du grand écran, en lançant des manifestations adaptées à leur spécificités, sur le modèle de Cinéville ou des Etés au cinéma.
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