AU COEUR de la terrible pièce d’Edouard Bourdet, il y a une figure de jeune fille qui va être sacrifiée pour sauver les intérêts financiers de sa famille. On la marie à un héritier attardé. Elle y consent pour son malheur. Son oncle, qui a ourdi cette alliance cynique, évoque lui-même la figure d’Iphigénie...
La pièce d’Edouard Bourdet date de 1934 et n’a pas pris une ride. C’est ainsi que la saisit Jean-Claude Berutti qui dirige des comédiens du Français et des jeunes issus de l’école de la Comédie de Saint-Etienne, centre dramatique dont il est codirecteur avec François Rancillac. Un travail très sobre, dans un décor et des costumes de Rudy Sabounghi. Un travail très fort : la distribution est remarquable et la manière dont le metteur en scène guide les interprètes est puissante. C’est l’été d’une réconciliation : Jérôme Faure, chef du clan (Bruno Raffaelli), a proposé à son frère Marcel, peintre (Christian Cloarec) qui a rompu avec sa famille pour son art, et sa femme comédienne (Catherine Sauval) de passer les vacances dans la grande propriété de leur mère (Madeleine Marion, parfaite) heureuse de connaître ses deux petits-enfants, Jean-Pierre (Pio Marmaï), qui travaille dans le cinéma, et sa soeur Anne-Marie (Flora Brunier, délicieuse révélation), championne de natation.
C’est l’été d’une faillite. On troque donc une jeune fille contre la survie d’une fortune, mais cela sera de courte durée... et le pessimisme de Bourdet sur les êtres ligotés par la convention n’épargne personne. On retrouve, admiratif, le grand art du dramaturge. Rien ici qui n’apporte une information, cerne les personnages comme les situations. Il y a du tragique dans sa manière de nous raconter le monde moderne. On l’a dit, tout ici demeure d’actualité.
Théâtre du Vieux-Colombier, à 19 h le mardi, à 20 h du mercredi au samedi, à 16 h le dimanche (01.44.39.87.00 ou 01). Jusqu’au 30 décembre. Durée : 3 h, entracte compris.
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