La célèbre Women's Health Study a montré que 77 % des événements vasculaires surviennent chez des femmes ayant un taux de LDL cholestérol inférieur à 1,6g/l et que 46 % sont observés pour des taux inférieurs à 1,30g/l : or ces chiffres sont, pour les recommandations américaines, ceux qui respectivement justifient la mise en route d'un traitement ou qui représentent l'objectif thérapeutique... C'est dire que le taux de LDL cholestérol ne suffit pas toujours pour déceler le risque cardio-vasculaire, ce qui a conduit à s'intéresser à des médiateurs inflammatoires dont on a bien montré le rôle dans l'athérogenèse et la rupture de la plaque. De nombreux biomarqueurs ont été étudiés : IL6, TNF-alpha, molécule d'adhésion cellulaire soluble de type 1, CD4 soluble, fibrinogène ... et surtout la CRP qui s'est révélée être un facteur prédictif indépendant très puissant, d'infarctus, d'AVC, d'artériopathies périphériques et de morts subites, cela même quand les taux de LDL cholestérol sont bas. De plus, l'efficacité des traitements par statines (ou aspirine) paraît majorée quand les taux de CRP sont élevés.
Cette réalité est encore plus évidente depuis que l'on a mis au point des dosages ultrasensibles de la CRP.¶
Un facteur prédictif, y compris chez l'enfant
Plusieurs études présentées à Berlin ont confirmé ce rôle pronostique de la CRP, y compris chez l'enfant (O. T. Raitakari, Finlande) : chez 79 enfants âgés en moyenne de 11 ans, une corrélation entre le taux de CRP, l'épaisseur des carotides et la dilatation de l'artère brachiale flux-dépendante a été mise en évidence. Ainsi, il semble bien que la CRP favorise le développement précoce de l'athérosclérose, en induisant le stockage de lipides et l'afflux de cellules inflammatoires dans les parois artérielles.
Des chercheurs d'Amsterdam (M. Meuwissen et coll.) ont présenté plusieurs travaux montrant que les concentrations de CRP dans la plaque d'athérome sont corrélées avec la vulnérabilité de cette dernière et que la CRP plasmatique a une valeur prédictive élevée chez les sujets présentant des lésions coronaires intermédiaires (sténose de 40 à 10 % du diamètre), sans répercussion hémodynamique.
Les preuves s'accumulent suggérant que la CRP aura une grande place dans le ciblage de la prévention primaire et du traitement de l'ischémie aiguë. Cependant, le Pr Paul M. Ridker (Boston) reconnaît que lui-même n'a pas encore modifié ses pratiques, en intégrant les marqueurs inflammatoires en routine.
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