On ne cèdera pas à la tentation de renvoyer Noël Mamère à la décision « irrévocable » qu'il a prise samedi dernier, de ne pas être candidat des Verts à l'élection présidentielle, pour accepter dimanche d'être investi par son mouvement.
L'ironie, en l'occurrence serait trop facile et l'intéressé a prévu, dans les déclarations qu'il a faites après sa décision irrévocable d'être candidat, que les médias se moqueraient de lui. Détrompons-le : son comportement n'est pas différent de ce que l'on peut attendre aujourd'hui de tous ses amis, passés maîtres dans l'exercice de la valse-hésitation.
Son prédécesseur, Alain Lipietz, a eu lui aussi ses moments de flottement. Il ne savait pas s'il devait rester candidat en dépit des multiples critiques dont l'abreuvaient ses « amis » politiques, sous le regard interloqué de l'opinion française, pourtant largement avertie des bizarreries du monde politique, mais qui n'en avait pas vu une aussi remarquable ; jusqu'au moment où, fâché de la cabale montée contre lui, M. Lipietz, a décidé de s'accrocher à un titre qu'il détenait du vote des Verts. Il avait raison : de ceux qui l'avaient élu pour changer d'avis dans les jours qui ont suivi ou de lui-même, personne ne pouvait dire qui se montrait le plus irrationnel.
Ce qui est merveilleux, c'est qu'on nous présente la médiation de Dominique Voynet comme un modèle de diplomatie. C'est vrai, ça : comment a-t-elle fait pour retourner M. Mamère comme une chaussette ? N'est-ce pas, au fond, qu'il attendait qu'elle vînt le supplier, savourant ainsi sa revanche contre des électeurs Verts qui avaient commencé par le dédaigner et ont apporté leurs voix à l'irresponsable Lipietz ? Et qu'après tout M. Mamère, comme d'autres Verts, peut se permettre de dire n'importe quoi dans un pays où les mots n'engagent personne, pas même les hommes et les femmes politiques ?
Aussi bien, pourquoi devrions-nous nous intéresser à ces coups de théâtre au sein d'un mouvement politique qui nous avait juré qu'il serait exemplaire par sa sincérité, la qualité de ses objectifs et la démocratisation de ses méthodes ? Si, pour M. Mamère, irrévocable veut dire révocable, il n'y a aucune raison d'attacher la moindre importance au sévère jugement qu'il portait, dès lundi, sur les bombardements américains en Afghanistan. Peut-être n'a-t-il prononcé cette dure sentence - qui n'aura pas manqué de terrifier George W. Bush - que pour en prononcer bientôt une autre, diamétralement opposée ?
La campagne des Verts pour la présidentielle est bien partie. Ils sont tous crédibles, les électeurs du candidat à la candidature, le premier candidat élu puis désélu, le deuxième candidat irrévocable. On peut compter sur eux, qui gèrent si bien leurs propres affaires, pour gérer le pays.
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