Comme tous les ans, « le Quotidien du Médecin » propose à ses lecteurs le bilan de l’année qui s’achève, un bilan obligatoirement contrasté.
D’un côté, 2011 a apporté son lot d’innovations et d’avancées scientifiques et même si le flux s’est incontestablement ralenti, il est loin d’être négligeable, notamment en cancérologie et en hépatologie. La France a même obtenu le prix Nobel, ce qui n’est pas si fréquent…
Mais ces informations paraissent peu audibles dans un climat qu’il faut bien qualifier de délétère. L’affaire Mediator n’ayant fait qu’accélérer une évolution palpable depuis plusieurs années : le ralentissement de l’innovation thérapeutique, les exigences de plus en plus grandes en termes de rapport bénéfice/risque, la mise en évidence de dysfonctionnements qu’il ne faut pas chercher à nier, nourrissant un scepticisme qui peut se révéler redoutable à terme.
Redoutable car il peut démotiver les acteurs de la santé, à commencer par l’industrie pharmaceutique. L’exemple de l’antibiothérapie est à ce titre exemplaire : les campagnes pour le bon usage sont simplement justifiées… mais la recherche de nouveaux produits est au point mort, alors que des besoins nouveaux commencent à poindre. On pourrait aussi évoquer le fiasco de la vaccination contre l’hépatite B. Il serait encore plus grave de voir la démotivation gagner le corps médical, des experts qui ne veulent plus statuer de peur d’être suspectés aux praticiens qui rechignent à prescrire, craignant les contrôles et les effets secondaires appris par voie de presse.
Le pire serait qu’un certain négationnisme thérapeutique gagne une population déjà rétive à la prévention et à l’observance, car beaucoup de maladies tuent beaucoup plus que les médicaments qui les traitent.
Alors, à la période de vœux, espérons que les pouvoirs publics mesureront les dangers de la diabolisation actuelle, pour la santé publique et même pour l’économie car les petits gains passagers pourraient coûter très cher à moyen et à long terme.
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