Tourisme
De son voyage en Crète, Henry Miller a gardé la vision d'un « sixième continent ». Isolée du reste de la Grèce continentale et insulaire, elle est ancrée au centre du bassin oriental de la Méditerranée, au carrefour de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique. La plus grande des îles de la Grèce étire sa forme oblongue, sur 26 kilomètres de long et de 12 à 56 kilomètres de large, aux confins de l'Europe. L'azur est sa couleur. Comme l'écrivain, on aurait envie « de se baigner » dans son ciel ou de se fondre dans le bleu profond de ses eaux qu'ourlent les multiples baies découpées le long de ses côtes. Mais la Crète est bien plus qu'un simple paradis balnéaire.
Moderne, elle l'est résolument, et on se laisserait abuser par les constructions de guingois ou l'urbanisme quelque peu anarchique qui heurte le regard au sortir de l'aéroport d'Héraklion. Car l'île offre une diversité de paysages. Les plaines fertiles couvertes de vignobles, de vergers d'agrumes, d'orangeraies ou d'oliviers et d'imposants massifs montagneux, les plus élevés de l'archipel, avec leur végétation clairsemée à l'aspect minéral en font une terre de contraste. Trois chaînes de montagnes qui semblent flotter dans l'espace à plus de 2 000 mètres d'altitude et qui pourraient être une des clefs d'un voyage beaucoup plus initiatique. Un détour par le plateau de Lassithi finira par nous en convaincre.
La légende de Zeus
Pour s'y rendre, la charmante ville d'Agios Nicolaos offre un excellent point de départ. De ce port que surplombe la forteresse de Mirabello construite à l'époque vénitienne, et devenu un centre balnéaire important avec ses complexes hôteliers prestigieux, on est vite conduit au pittoresque plateau de Lassithi, à 850 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les quelque dix mille moulins à vent qui l'irriguent en font un immense jardin réservé à la culture intensive des pommes de terre et des céréales. Le long d'une route escarpée accessible en voiture ou en bus, se profile une vingtaine de villages typiques dans lesquels s'activent des habitants à la vie sans doute rude et difficile. Pourtant, leur sens de l'hospitalité est intact et ils vous accueillent avec plaisir dans la chaleur d'une de ces tavernes de montagne où vous pourrez goûter aux spécialités locales.
Mais le clou de la balade reste à venir.
A l'ouest du village de Psychro, à flanc de montagne, se niche l'entrée d'une des multiples grottes caractéristiques de l'île, la grotte Dicté. Là, on entre dans le monde des mythes. C'est, murmure la légende, la caverne où vécut Zeus avant de conquérir l'Olympe. Sa mère Rhéa y était venue en exil pour le sauver de la cruauté de son père, Kronos, le Titan dévoreur d'enfants.
Patrie adoptive de Zeus, la Crète devient aussi le berceau de l'Europe. La déesse Europe, fille d'un souverain phénicien, fut enlevée grâce à l'une des multiples ruses du dieu olympien qui, pour la séduire, s'était métamorphosé en taureau.
Mais l'apport de la Crète au monde antique légendaire ne s'arrête pas là. Si nous suivons le fil d'Ariane du mythe, comme Thésée, nous rencontrerons peut-être le Minotaure.
Retour aux environs d'Héraklion. Cette fois, l'histoire rejoint la légende. Découvert en 1878, le site de Knossos ne révéla ses trésors que dans les années 1900 lorsque le Britannique sir Arthur Evans (1851-1954) engagea une partie de sa fortune personnelle pour y entreprendre des fouilles. Les traces de la plus ancienne civilisation européenne allaient être mises au jour : la civilisation minoenne (2600-1100 av. J.-C.). On a reproché à Evans la manière dont il avait restauré le palais, mais la visite demeure incontournable et pleine d'émotions.
Le palais occupe 20 000 m2 et la rampe d'accès à l'ouest permet d'arriver à une cour centrale dallée. De là, on ne peut que s'émerveiller devant les 1 300 pièces desservies par un escalier haut de cinq étages, conçu comme un puits de lumière chargé d'éclairer le peut-être fameux labyrinthe du Minotaure. Les appartements royaux, les ateliers et magasins de stockage de vivres avec leurs énormes jarres (pithoi), le système de canalisation des eaux potables et d'évacuation des eaux usées, tout témoigne de l'ingéniosité des Minoens. On ne peut terminer cette visite sans une pause au musée d'Héraklion pour y voir exposés les fresques et objets trouvés à Knossos mais aussi dans d'autres sites : la célèbre « parisienne », bien nommée en raison de ses allures de Marianne ou encore « la déesse aux serpents » et « le prince aux lys » sont parmi les trésors les plus connus.
Régime crétois et danse
Riche de 5 000 ans d'histoire, la Crète a traversé l'époque néolithique, minoenne, gréco-romaine puis byzantine avant de subir les dominations vénitienne et turque puis de devenir autonome en 1898 et d'être officiellement rattachée à la Grèce en 1913. Toutes ces périodes ont laissé un patrimoine inestimable toujours à portée d'une balade ou d'une randonnée : Hania et son ancienne mosquée turque, Réthymno et sa forteresse vénitienne, Heraklion et Lassithi. Chacun y trouvera son compte.
Bien sûr, le séjour sera l'occasion de goûter aux saveurs du régime crétois dont tout le monde connaît les vertus : des fruits, des légumes croquants, peu de viande et plutôt du poisson accompagnés de pain trempé dans l'huile d'olive (paximadi) et arrosés de raki.
Tous les habitants du pays où naquit El Greco mériteraient d'être croqué au fusain, tant leur expression semble mêler joie de vivre et sérénité multiséculaire ; ainsi gardons-nous l'image de ces danseurs, jeunes et moins jeunes, en train de dessiner les folles arabesques du Pendozolis au son d'une lyre traditionnelle, symbole de l'âme crétoise.
Pour partir
TRANSPORTS :
Vols réguliers Paris-Héraklion, sur Olympic Airways, à partir de 410 euros A/R.
Renseignements : Olympic Airways, 3, rue Auber, 75009 Paris, tél. 01.44.94.58.58.
FORMALITES :
Carte d'identité ou passeport en cours de validité.
HORAIRE :
1 heure de plus qu'à Paris.
LANGUE :
Le grec moderne.
MONNAIE :
L'euro.
SEJOURS :
Teos Tours propose, à Hersonissos, des séjours de 8 jours-7 nuits en demi-pension, à partir de 449 euros Paris-Paris (Lyon ou Nantes), à l'hôtel Blue Sea (catégorie B*** sup.), sur la côte est de l'île, à partir de 599 euros Paris-Paris, au Royal Mare Village, établissement de luxe, avec son centre de thalassothérapie de 4 000 m2 et son restaurant Harmonica consacré à la diététique crétoise et, à partir de 659 euros Paris-Paris, à l'hôtel Creta Maris, hôtel de luxe construit sur le plan d'un village crétois, le long d'une plage du petit port.
- Locations de maisons et de villas : à partir de 175 euros les 8 jours-7nuits, sans le transport.
- Locations de voitures, à partir de 185 euros pour 7 jours.
A FAIRE :
Visite de Rethymno, la plus petite des villes historiques de Crète. Sa célèbre forteresse bâtie par les Vénitiens et ses minarets lui donnent un caractère très oriental. Le monastère d'Arkadi, à proximité, vaut le détour.
Visite du golfe de Mirabello et de la presqu'île de Spinalonga, ses fortifications vénitiennes et les vestiges de l'ancienne léproserie, la dernière d'Europe fermée en 1957.
Visite des ruines de Phaestos, le second palais minoen en importance.
Excursion dans les plus profondes gorges d'Europe : 18 kilomètres de long, de 4 à 150 mètres de largeur et jusqu'à 700 mètres de profondeur.
Croisières d'un jour : à l'île de Santorin, accessible en 4 heures.
RENSEIGNEMENTS :
- Office national hellénique du tourisme : 3, avenue de l'Opéra, 75001 Paris, tél. 01.42.60.10.28.
- Teos Tours : 36, rue Laffitte, 75009 Paris. Tél. 01.47.70.08.08. Fax 01.47.70.30.00. http://www.teostours.com
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