Les ministères de la Santé, de l'Agriculture et de l'Environnement ont annoncé la prochaine création d'un observatoire des résidus de pesticides dans l'alimentation. Ils ont également confirmé, lors d'une conférence de presse commune, le retrait d'une famille d'herbicide, les triazines, d'ici au 30 juin 2003 (« le Quotidien » du 2 octobre). La France est le deuxième utilisateur mondial de pesticides après les Etats-Unis, avec une consommation moyenne de 100 000 tonnes par an.
Les triazines, faciles d'usage et peu chères, sont utilisées massivement, notamment par les producteurs de maïs : 80 % des surfaces de maïs sont traitées à l'atrazine. Mais c'est la pollution généralisée des eaux françaises aux triazines qui a conduit les ministères à les interdire, peu après l'Allemagne.
On retrouve cette catégorie de pesticides dans 50 % des prélèvements en eaux de surface et 52 % dans les eaux souterraines. Selon l'Institut français de l'environnement (IFEN), seulement 6 % des cours d'eau sont exempts de pesticides. Les triazines, qui ne présentent pas un risque sanitaire immédiat, seront donc retirées progressivement du marché d'ici à juin 2003.
A dose élevée, les pesticides peuvent entraîner des cancers, des problèmes neurologiques ou thyroïdiens, ainsi qu'une altération de la fertilité masculine. Mais les chercheurs soulignent la pauvreté des données sur les effets des pesticides à faible dose, notamment les « cocktails » de pesticides, qu'on retrouve ensuite à l'état de traces dans l'alimentation.
Afin d'améliorer cette connaissance sanitaire, les ministères concernés ont décidé la création d'un observatoire des résidus de pesticides, qui réunira des représentants de consommateurs, des industriels des pesticides et des agriculteurs. Cet observatoire aura un rôle d'information du public et de centralisation des données ; il sera doté d'un site Internet pour garantir la permanence de l'information. Un rapport de la Commission européenne publié au début d'août concluait que la moitié des fruits, légumes et céréales consommés en France présentait des résidus de pesticides, dont 8,3 % à des niveaux supérieurs aux normes légales.
Le ministre de l'Agriculture, Jean Glavany, a également annoncé l'interdiction « à bref délai » de l'arsénite de soude, un produit cancérogène largement utilisé par les viticulteurs pour traiter la vigne. « La décision est prise, mais les modalités précises, notamment l'indemnisation des viticulteurs, sont encore en discussion », a-t-il indiqué.
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