Dans « Le Généraliste » du 7 février 2014, le Dr Frances nous explique pourquoi il ne faut pas cracher sur la cheville ouvrière du système de santé : les généralistes. C'est un cri du coeur ; il a raison, et je partage ses propos. Mais, peut-il en être autrement ?
Je m'interroge depuis maintenant plus de vingt ans, et j'ai trouvé la réponse : c'est non ! Pessimisme ? Défaitisme ? Burn outisme ? Rien de tout cela, bien au contraire.
Dans les cours de récréations, dans le secret de leurs chambres, les petits garçons et les petites filles jouent à des jeux qui mettent en scène des super-héros, des sauveurs... Ceux de ma génération qui lisaient Pif Gadget se passionnaient pour le Dr Justice, qui portait bien son nom : médecin ; ceinture noire de judo, sauveur de causes perdues et de jolies femmes...
Plus tard, Bernard Kouchner – O tempora... – nous fit rêver dans Médecins de nuit, sur le petit écran noir et blanc du salon familial. Un passé plus proche porte George Clooney (Urgences) et Hugh Laurie (Dr House) au zénith : beaux, sexy, rassurants, riches, – probablement –, intelligents, séducteurs ; aucun superlatif n'est assez fort pour célébrer la magnificence de ces héros modernes.
Beaucoup d'hommes et de femmes rêvent, dans le secret de leurs alcôves, qu'ils sont des docteurs qui écoutent, touchent, entendent, soignent et accompagnent les corps et les âmes de leurs semblables. Ils sont nombreux, ceux qui ont tenté, puis échoué face au mur inepte de la sélection aveugle. Et pourtant, ils le savent, eux, qu'ils auraient été de merveilleux soignants.
Ils ont réussi pourtant ; ils sont directeur de banque ; assureur ; commerçant ; important ; chef de quelque chose ou de quelqu'un ; parfois médecin – loin des soins, comme le rappelle notre confrère... Mais le matin, ils ne se parent pas des habits du médecin de famille ; ils ne montent pas sur la scène ; on ne les sifflera pas s'ils jouent mal, mais on ne les applaudira jamais. Un enfant ne les regardera jamais en disant « merci ».
À tous ceux-là, je veux dire : « Conspuez, critiquez, blâmez, crachez ; vos cris sont à la hauteur de vos frustrations et de votre colère de ne pas être de ceux qui font rimer humanité et technicité, loin des chiffres abstraits de programmes onéreux ( Sophia, Prado...) dont personne ne peut véritablement mesurer l'impact en terme de santé publique et de bien-être général ».
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