UNE HYPOTHÈSE plausible pour expliquer le diabète de type 1 est un mécanisme auto-immunitaire à médiation par les cellules T qui produit une destruction sélective des cellules bêta-pancréatiques, chez des sujets prédisposés génétiquement. Des agents extérieurs sont susceptibles d'intervenir en tant que déclencheurs ou accélérateurs de cet événement. Les infections digestives par Enterovirus représentent l'un de ces facteurs environnementaux, suggéré par plusieurs études.
Il existe un faisceau d'arguments convergents. Des données épidémiologiques, d'abord, qui ont montré une incidence accrue du diabète de type 1 après des épidémies par Enterovirus. Ensuite, une étude réalisée au moment du diagnostic de diabétiques de type 1 a détecté de l'ARN entéroviral chez plus de 50 % des patients.
Des virus Coxsackie B4 ont été isolés chez des patients présentant un diabète de type 1 d'installation aiguë. Certains isolats de virus Coxsackie administrés à des souris ont provoqué le diabète. Dans des cellules d'îlots humains mises en culture, des souches d' Enterovirus peuvent se multiplier, supprimer la libération d'insuline et, dans quelques cas, causer la destruction des cellules bêta.
La recherche de preuves directes.
Ces arguments indirects entre une séroconversion vis-à-vis des virus Coxsackie et la survenue de diabète de type 1 ont incité les chercheurs italiens (Francesco Dotta et coll.) à rechercher des preuves directes.
Ils ont comparé le tissu pancréatique prélevé chez des patients porteurs d'un diabète de type 1 (n = 6) et chez des sujets témoins (n = 26). Pour établir la présence de virus CoxsackieB4, ils ont mené un panel complet d'examens : une analyse immunohistochimique, un examen par microscope électronique, un séquençage du génome complet à la recherche de séquences caractéristiques, des cultures cellulaires et des études immunologiques.
Dans les prélèvements de trois des six sujets diabétiques de l'étude, la présence de l' EnterovirusCoxsackie B4 est constatée.
Au niveau des cellules bêta.
«L'infection est spécifiquement détectée au niveau des cellules bêta, où l'on observe des plages d'inflammation non destructrice, cette inflammation étant médiée principalement par les cellulesT NK (natural killers) .» Les îlots des échantillons de tissus positifs pour le virus Coxsackie B4 ont présenté une réduction de la sécrétion d'insuline en réponse à une épreuve au glucose ou à d'autres produits sécrétagogues.
De plus, les Enterovirus extraits des îlots positifs pour les CoxsackieB4 se sont révélés capables d'infecter d'autres cellules bêta provenant de pancréas prélevés chez des donneurs d'organes humains non diabétiques ; ils ont provoqué des inclusions virales et des signes de picnose.
«Aucun des prélèvements provenant des témoins n'a présenté de signes d'infection virale», remarquent les auteurs.
Les Enterovirus peuvent déclencher les événements pathologiques qui conduisent au diabète, expliquent-ils. Plusieurs mécanismes peuvent intervenir, qui ne s'excluent pas. D'abord, les cellules bêta infectées peuvent être détruites directement par une cytolyse due au virus. Ensuite, une infection moins agressive peut causer une réaction inflammatoire au niveau des îlots, avec une destruction infraclinique et, de ce fait, une libération d'antigènes capables de déclencher des réponses autoréactives des cellules T. En outre, des cellules T hétéroréactives peuvent être déclenchées lorsqu'il existe des déterminants antigéniques du soi et de virus qui se ressemblent.
« Proc Natl Acad Sci USA » édition avancée sur le site.
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