Classique
La saison du Capitole qui avait ouvert avec « Siegfried » vient de s'achever en beauté avec « Götterdammerung ». Il est difficile, bien que chaque spectacle de cette « Tétralogie » toulousaine commencée en 1999 et signée Nicolas Joël pour la mise en scène, Ezio Frigerio et Franca Squarciapino pour les décors et costumes, ait été une réussite, de percevoir la continuité d'une uvre aussi colossale. Ce sera certainement possible quand, comme le souhaite Nicolas Joël, elle sera reprise sous la forme d'un cycle à la réouverture du théâtre après une saison de travaux.
Pour ce « Crépuscule », on a fait un bond dans le temps, et l'action se déroule dans une esthétique de la période d'avant la Seconde Guerre mondiale grâce aux paysages industriels et aux costumes très évocateurs de Frigerio et Squarciapino. Nicolas Joël a complété la magnifique distribution de son « Siegfried » (voir « le Quotidien » du 14 octobre 2002) qui mettait face à face un couple Brünnhilde-Siegfried comme on craignait de ne plus jamais en entendre : Alan Woodrow, le parfait ténor héroïque, encore plus à l'aise que dans la troisième journée, et Janice Baird, à la voix d'airain et infaillible, que l'on se réjouit de retrouver dans « Elektra » à Toulouse l'an prochain.
Avec « le Crépuscule » apparaissent les fils d'Alberich, Hagen, miraculeusement chanté par Kurt Rydl, qui incarne avec race cet homme désabusé, placé sur terre pour venger son père, Gunther, fils à papa inconsistant et cocaïnomane mais dont le personnage évolue constamment vers une humanité retrouvée jusqu'à la mort de Siegfried qui le laisse bouleversé, joué avec une grande finesse par Claudio Otelli, et la belle Gutrune, de Nancy Weissbach, qui montre très bien qu'elle n'est qu'un rouage de cette vaste machinerie. Nornes et Filles du Rhin ne déméritent pas dans ce bel ensemble.
On l'aura compris, Nicolas Joël a situé « le Crépuscule » du troisième « Ring » de sa carrière de metteur en scène dans une perspective noire, de fin du monde. Les Nornes, qui ouvrent le prologue, sont des clochardes urbaines, les hommes de Hagen et Siegfried lui-même à la chasse arborent les attributs vestimentaires des nazis, et les Gibich sont de grands bourgeois industriels et corrompus. La scène finale de l'immolation de Brünnhilde est très forte, même si le bûcher n'est pas montré, l'ex-Walkyrie tirant, si l'on peut écrire, la porte derrière elle. Est-ce pour atténuer tout ce pessimisme wagnérien nourri de lectures de Schopenhauer que le metteur en scène introduit in extremis deux enfants parmi tous les protagonistes de cet écroulement total ? L'effet produit n'est pas vraiment convaincant.
Pinchas Steinberg a dirigé avec une force dramatique irrésistible tout au long de ces cinq grandes heures de musique, un Orchestre du Capitole en grande forme ainsi que des churs, qui, préparés par Norbert Balatsch et Pierre Iodice, étaient une des grandes forces de ce superbe spectacle.
Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13). Site Internet : www.theatre-du-capitole.org. Réouverture de la saison le 3 octobre avec une nouvelle production de « la Flûte enchantée », de Mozart, mise en scène par Nicolas Joël et dirigée par Claus Peter Flor.
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