QUELQUES CHIFFRES : il y a sur la planète 1,25 milliard de fumeurs. La cigarette est responsable de 90 % des cancers du poumon, elle est la principale cause de mortalité par cancer. Le tabagisme est la cause numéro un de Bpco et la quatrième cause de mortalité aux Etats-Unis.
Malgré le rôle causal bien établi de la cigarette dans le cancer du poumon et la Bpco, entre 10 et 20 % seulement des fumeurs développent ces maladies. On dispose de peu d'indicateurs pour savoir quels fumeurs ont le risque le plus élevé. Enfin, on ne sait pas pourquoi des sujets conservent un risque élevé des années après le sevrage. De façon étonnante, peu de travaux ont été conduits chez les humains pour connaître les effets du tabac sur les cellules épithéliales des voies aériennes, qui sont les plus exposées à la fumée ; ou pour savoir quels modifications sont réversibles à l'arrêt du tabac.
Jusqu'à présent, les quelques travaux qui ont eu lieu ont été menés soit sur des cellules épithéliales en culture, soit sur des produits de lavage broncho-alvéolaire (constitués majoritairement de macrophages alvéolaires), soit sur des rongeurs.
Une équipe de Boston (Avrum Spira et coll.) a choisi d'étudier le profil d'expression des gènes (transcriptome) de cellules épithéliales humaines obtenues lors de bronchoscopies par brossage de la bronche souche droite. Au total, l'étude a été conduite chez 75 sujets, dont 23 non-fumeurs, 34 fumeurs (sans exposition au tabagisme passif, sans médicament inhalé) et 18 anciens fumeurs
Au bout de deux ans d'arrêt.
Sans entrer dans les nombreux détails de l'analyse du transcriptome, les résultats sont très schématiquement les suivants :
- les cellules épithéliales étudiées ont normalement des fonctions dans la lutte contre l'oxydation, dans le métabolisme et dans la défense de l'hôte ;
- le tabagisme est inducteur, notamment, d'oncogènes et inhibiteur de plusieurs gènes suppresseurs de tumeur et de gènes régulateurs de l'inflammation ;
- chez les anciens fumeurs, le profil d'expression des gènes (fonctions de métabolisme et d'antioxydants) commence à ressembler au bout de deux ans d'arrêt à celui des sujets qui n'ont jamais fumé ; mais plusieurs gènes, y compris des oncogènes et gènes suppresseurs de tumeurs, ne reviennent pas à des profils d'expression antérieurs, des années après l'arrêt ;
- dans un sous-groupe de fumeurs, on a trouvé des modifications différentes de celles des autres fumeurs ; un des patients de ce sous-groupe a développé un cancer du poumon dans les six mois.
« Proc Natl Acad Sci USA », à paraître prochainement sur pnas.org.
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