Face à une France qui s’interroge sur son avenir et se déchire, le cancer comme les guerres rassemble et réunit. Après Jacques Chirac lançant le premier plan cancer dans le scepticisme général, François Hollande qui intervient peu dans le domaine de la santé s’engage à son tour dans la lutte contre le cancer. Le chef de l’Etat n’a pas là à craindre de manifestations, de débordements dans les rues, de divisions au sein de son propre camp. Dans le champ de la santé, à la différence de pathologies comme l’infection à VIH ou l’hépatite C, le cancer ne cible pas des groupes à risque, mais frappe indistinctement tout le monde, y compris les enfants et les adolescents. Chaque famille en a éprouvé les ravages. Cet aspect fédérateur est de nouveau vérifié. L’ensemble des acteurs dans un large consensus a salué le discours présidentiel.
Le politique a-t-il pour autant une légitimité pour intervenir dans le combat contre le cancer ? Souvent humilié par la puissance de l’économie, il retrouve là un champ d’action, d’intervention. En témoigne l’exemple anglais où, il est vrai, la santé publique relève de la culture nationale. La consommation a baissé de l’autre côté du channel « dramatically », sans distinction d’âge ou de classe. De 24,2 % en 2007, la prévalence sera inférieure à 17 % en 2014 selon les chiffres présentés par Ann McNeill juste avant l’intervention du président de la République à la journée organisée par l’Institut national du cancer (Inca). En France, elle a encore progressé après une légère inflexion pour atteindre 33 %.
La campagne lancée contre le tabac est donc bien une nécessité nationale. Elle s’inscrit dans un mouvement général de réduction de consommation dans les pays occidentaux. La tendance est si affirmée que Marlboro se diversifie de plus en plus dans la cigarette électronique. Cela n’empêche pas son cours en bourse de dévisser.
Certes, le président de la République a eu raison de s’attaquer au fléau du tabac. Mais pourquoi ne pas dénoncer avec la même énergie les ravages de l’alcool dans la genèse des cancers ? Y aurait-il des lobbys actifs pour la défense des producteurs de l’Hexagone ? La santé publique, semble-t-il, doit s’effacer devant les enjeux économiques… en France.
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