L'ÉTUDE de Shechter et coll. fournit des arguments supplémentaires en faveur de la contrepulsion externe (CPE) ; d'abord en confirmant le soulagement des symptômes chez les patients ayant une insuffisance coronaire sévère, ensuite en mettant en lumière une explication du bénéfice obtenu, qui s'exercerait sous l'effet d'une amélioration de la fonction endothéliale.
Cela fait une quarantaine d'années que la CPE est considérée comme une méthode « alternative » non invasive et efficace chez des patients symptomatiques chez qui une revascularisation est contre-indiquée ou qui sont réfractaires au traitement pharmacologique.
En pratique, le patient est allongé et des brassards posés sur ses membres inférieurs sont gonflés et impriment une pression séquentielle, de l'extrémité distale vers la portion proximale du membre pendant la diastole. Un flux rétrograde est de ce fait induit en direction de l'aorte, ce qui produit une vague de pression diastolique qui augmente la perfusion coronaire (d'une manière qui rappelle la contrepulsion intra-aortique).
Jusque-là le mécanisme par lequel ce moyen agit était demeuré obscur. On supposait qu'il permettait de recruter des vaisseaux collatéraux. On voit que sous CPE, le flux brachial augmente pendant la diastole et qu'une stase diastolique est évitée.
Une heure par jour.
Michael Shechter et coll. ont traité par CPE 20 patients ayant une coronaropathie sévère et une angine de poitrine intraitable pendant une heure par jour, cinq jours par semaine pendant sept semaines.
Comme cela avait déjà été le cas dans des travaux antérieurs, les sujets ont éprouvé une amélioration subjective des symptômes angineux, avec un usage significativement réduit de la nitroglycérine.
De plus, alors que la réponse à la nitroglycérine sublinguale est demeurée inchangée, une amélioration des fonctions de vasodilatation de l'artère brachiale est constatée (dilatation induite par les pulsations et le flux sanguin). Par comparaison, dans un groupe de 20 patients contrôles qui avaient décliné le traitement par CPE, on n'observe pas de modification de ce paramètre au cours de la même période.
Conséquences rhéologiques.
Un autre résultat de ce travail réside dans les conséquences rhéologiques de la CPE : « Il est maintenant clair que les différentes formes des forces de cisaillement, des variations du flux sanguin et de la tension artérielle exercent sur la vascularisation et le cœur des effets importants lors des maladies cardiovasculaires. L'endothélium vasculaire traduit ces forces physiques en réponses physiologiques adaptatives. Et la perte de ces mécanismes homéostatiques constitue une conséquence importante de la dysfonction endothéliale qui mérite investigation, notamment pour être utilisée comme cible thérapeutique », expliquent Joseph Vita et Gary Mitchell (Boston) dans un éditorial.
« En dépit de quelques réserves méthodologiques, l'étude représente un examen intéressant des conséquences physiologiques de la pulsatilité artérielle sur les vaisseaux. »
Plusieurs mécanismes peuvent être avancés. La CPE augmente le flux sanguin des extrémités et, de ce fait, l'expression du NO endothélial. La CPE double le nombre des pulsations cardiaques par cycle, ce qui a un effet d'autant plus marqué sur la fonction endothéliale. Pour les auteurs, la dysfonction endothéliale n'est pas confinée aux coronaires mais doit impliquer l'ensemble du système artériel. La CPE augmenterait la production cellulaire endothéliale par l'intermédiaire des forces de cisaillement.
« Journal of the American College of Cardiology », vol. 42, n° 12, 2003, pp. 2090-2095 et éditorial pp. 2096-2097.
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