« Aujourd'hui, je suis profondément inquiète et désespérée et je serais heureuse de votre soutien, de recevoir des courriers qui m'aideraient. » Très affectée, la femme médecin impliquée dans une altercation avec une patiente la semaine dernière, à Nancy, lance aujourd'hui un appel à ses confrères.
Mardi 8 octobre, la généraliste se sent menacée par une patiente agressive dont elle ne parvient pas à venir à bout. Elle pose alors une arme de défense sur son bureau afin d'impressionner son interlocutrice, qui quitte finalement le cabinet. « J'ai tiré une balle en l'air pour lui faire peur et à l'opposé de la porte par laquelle elle venait de sortir. J'ai agi pour qu'elle ne fasse pas marche arrière car j'ai eu très peur » confie la praticienne au « Quotidien ».
La patiente porte plainte. Le médecin est interpellé et restera 10 heures en garde à vue avant d'être relâché. Une enquête est depuis en cours.
Jointe ce lundi par « le Quotidien », la généraliste explique son geste. « Ce n'est pas un pétage de plomb. J'étais très calme, comme toujours lorsque je suis confrontée à une urgence médicale. J'ai seulement voulu me défendre, que cette personne quitte mon cabinet. »
« Tu donnes ou je cogne »
Le médecin déplore la fréquence des agressions verbales et physiques dont elle est victime depuis son installation en janvier 2013, dans un quartier qu'elle qualifie de « chaud ». Parmi sa patientèle, de nombreuses personnes défavorisées, toxicomanes, alcooliques ou atteintes de troubles psychologiques.
Les patients usent de l'intimidation, explique la généraliste, pour obtenir une ordonnance, des certificats, des arrêts non justifiés, une prescription de Subutex : « Tu donnes ou je cogne », s'entend-t-elle dire. « Il m'est arrivé de me faire plaquer au mur par un patient alcoolisé qui ne s'en souvenait même plus le lendemain. » À deux reprises, elle sera victime de coups, le visage recouvert d'ecchymoses.
« J'ai déposé moult plaintes, mains courantes, et signalement, ça ne suffit pas. Ma voiture, ma boîte aux lettres, ma porte d'entrée sont détruites, mes objets et papiers personnels volés », raconte le médecin dans un témoignage qu'elle a envoyé au « Quotidien ».
Aujourd'hui, elle attend les résultats de l'enquête et d'un éventuel procès qui décidera de sa carrière. Sans renoncer pour autant. « J'aime mon métier, dit-elle. Il y a beaucoup de patients qui valent le coup qu'on se batte. » Elle en appelle à ses confrères médecins, « qu'ils m'envoient des témoignages sur ce qu'ils vivent eux-mêmes, parce que les services de police n'ont pas conscience du danger auquel nous sommes confrontés. »
Vous pouvez poster vos témoignages ci-dessous ou les envoyer au « Quotidien » à l'adresse temoignages@lequotidiendumedecin.fr, qui transmettra.
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