PRATIQUE
Des erreurs
Pour le Dr Jean Lavaud, « le coup de chaleur du nourrisson est très souvent favorisé par des erreurs comportementales de la part des parents. Ainsi, un nourrisson trop couvert, alors qu'il est peut-être déjà légèrement fébrile, et qui, mis en position ventrale, va s'introduire ou glisser par reptation dans les éléments de couchage ». L'été, c'est le nourrisson exposé nu, en plein soleil, sans aucune protection ou laissé seul dans son lit nacelle ou son siège auto toutes vitres fermées. Le nourrisson est le plus souvent retrouvé en coma profond et en collapsus. L'état de mal convulsif n'est pas rare ainsi que l'anurie. Il peut s'y associer une cytolyse musculaire et hépatique et une CIVD.
En attendant les secours
Pour le médecin, il est essentiel de mettre rapidement en uvre une thérapeutique de première urgence, en attendant les services de secours (SAMU ou sapeurs-pompiers) immédiatement alertés par le 15. L'enfant est déshabillé, mis à l'ombre et aspergé d'eau, pendant que l'on procède à la ventilation de son environnement immédiat dans l'objectif de le refroidir le plus physiologiquement possible. « Cette technique semble la plus efficace lorsque les techniques habituelles de rafraîchissement utilisées pour obtenir une défervescence (bain entre 2 et 3 °C en dessous de la température corporelle pendant dix minutes) ne sont pas immédiatement disponibles. Les médicaments seront, en outre, toujours associés. Pour être efficace, on sait désormais qu'il faut nettement augmenter les doses médicamenteuses et éviter de recourir à l'alternance thérapeutique des deux médicaments antipyrétiques habituellement utilisés, car l'efficacité du second médicament est diminué par la circulation du premier dans le sang. On doit donc actuellement préférer la monothérapie avec des doses unitaires de 10 à 13 mg/kg pour l'aspirine et de 12 à 15 mg/kg pour le paracétamol », explique le Dr Lavaud. Comme ces médicaments agissent efficacement pendant quatre heures, en moyenne, il est parfois nécessaire de répéter les doses six fois par jour. « Les posologies utilisées en milieu hospitalier peuvent alors parfois dépasser les recommandations, mais restent très en deçà des doses toxiques », précise le Dr Lavaud. La voie orale est préférable à la voie rectale en raison d'une meilleure absorption digestive.
Education des parents
Pour le Dr Jean Lavaud, « le médecin garde un rôle fondamental dans l'information et l'éducation des parents. Quelques conseils d'hygiène de vie rappelés aux parents et aux grands enfants permettent d'éviter bien des problèmes ».
- En été, surtout en période de canicule, le nourrisson doit être mis dans un endroit aussi frais que possible et bien ventilé. Il ne faut pas hésiter à créer des flux d'air frais qui lui permettent de se sentir plus à l'aise. L'idéal est de le laisser en couches ou très légèrement vêtu, avec des sous-vêtements en coton. La ration d'eau à lui administrer doit être nettement supérieure à celle qui lui est habituellement donnée, pour éviter tout risque de déshydratation. L'eau pure en trop grande quantité doit être évitée en raison de son caractère hypotonique. A l'extérieur de la maison, l'enfant sera préservé des trop chauds rayons de soleil et de la réverbération sur le sable.
En dehors des périodes de canicule, les nourrissons ne doivent pas être trop couverts, alors qu'ils vivent dans une ambiance entre 19 et 20 °C généralement saturée en eau. Les couvertures et couettes doivent être abandonnées et les cas de couchage de type turbulette sont à privilégier. Dans ces systèmes de couchage, l'enfant est à son aise, il ne se découvre pas, ne peut ramper vers le bas et ses bras dépassent largement des ouvertures axillo-scapulaires. L'enfant sera normalement hydraté, mais il faut savoir aussi proposer de l'eau à un nourrisson qui ne peut manifester sa soif que par des cris et des pleurs. Si l'enfant est fébrile, il faut mettre en place de façon conjointe des mesures physiques et médicamenteuses. Il s'agit en premier lieu d'un déshabillage et de bains à 2 °C en dessous de la température de l'enfant (jamais plus de dix minutes et en contrôlant la température de l'eau à l'aide d'un thermomètre spécifique). Des enveloppements avec des linges trempés dans de l'eau à cette même température peuvent aussi être proposés et, plus exceptionnellement, le Dr Lavaud propose « l'application corporelle de trois ou quatre freezepacks protégés par un linge épais et changés de position toutes les 5 à 10 minutes ».
- La prévention du coup de chaleur chez le grand enfant consiste principalement à lui apprendre à mesurer ses efforts musculaires et à s'y préparer par un entraînement progressif et régulier (rôle de l'éducation physique scolaire et des clubs sportifs scolaires et extrascolaires). La nécessité de s'hydrater régulièrement avant et pendant l'effort fait aussi partie des règles de base ainsi que le port de tenues légères de couleur claire.
En collaboration avec le D rJean Lavaud, du SAMU de Paris.
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