« Chromophobia », de Martha Fiennes

Couleurs anglaises

Publié le 09/05/2006

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« JE PARLE à une femme moustachue de mes carences maternelles et de ma "boulimie résiduelle". Et je fais de l'auto-hypnose pour limiter mon manque d'amour propre. Ça a l'air de marcher. (...) C'est très excitant, en ce moment, parce que je commence à trouver mon vrai moi. » Kristin Scott Thomas incarne l'épouse, obsédée par la psy et le shopping et néanmoins insatisfaite, d'un avocat londonien (Damian Lewis). L'actrice a sauté sur l'occasion de s'exprimer dans sa langue maternelle, d'autant, dit-elle, que « les bons scénarios sont rares (...) et celui-là était très bien vu ».
Martha Fiennes (oui, la sœur de Ralph et de Joseph) a écrit l'histoire avec l'envie de changer de registre, après son premier long métrage « Onegin », un film d'époque, et de signer une œuvre contemporaine. Autour de l'avocat à qui tout devrait réussir, rien ne va plus, ni personne. Le fils de 8 ans, le père à principes(Ian Holm) et son ex-maîtresse (Penélope Cruz) au passé suspect aux yeux des bien-pensants, le beau-frère homosexuel (Ralph Fiennes)... La mère (Harriet Walter, grande figure du théâtre anglais) cultive son jardin tandis que l'assistant social (Rhys Ifans) et le journaliste prêt à tout (Ben Chaplin) vont mettre à jour de ces secrets que la bonne société réprouve tandis que les lecteurs de la presse populaire se régalent.
Récit de la désintégration d'une famille, « Chromophobia » est un drame en forme de comédie noire, dont l'humour n'est jamais absent, tombant hélas parfois dans la caricature. Portrait en coupe de la société londonienne, à plusieurs étages d'une société qui reste très codifiée, ce film choral n'est pas totalement rigoureux mais on lui pardonne beaucoup pour sa distribution bien choisie. Chacun apporte un peu de sa personnalité et l'ensemble forme un kaléidoscope que les chromophobes devront éviter mais qui séduira les autres.

> R. C.