Effet antiathérogène des HDL
L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) considère, dans ses recommandations datant de 2000, que la responsabilité de l'élévation des taux sanguins du cholestérol total et du LDL cholestérol sur l'évolution de la maladie coronaire est actuellement démontrée. Elle souligne qu'il en va également ainsi de la baisse du HDL cholestérol. Le cholestérol véhiculé par les lipoprotéines de type HDL doit ainsi être considéré comme exerçant un effet protecteur sur le niveau de risque cardio-vasculaire. Le mécanisme précis par lequel le HDL exerce cet effet cardioprotecteur n'est pas parfaitement élucidé. Il est toutefois bien admis que le transport du cholestérol dans le sang s'effectue sous forme liée à des lipoprotéines selon deux voies de circulation. Le courant d'influx, afférent, apporte le cholestérol libre dans la cellule pour le rendre disponible à une utilisation métabolique. La voie d'efflux, ou voie de retour, permet d'acheminer le cholestérol depuis les tissus périphériques, en particulier vasculaires, vers le foie pour être métabolisé. L'influx de cholestérol vers les cellules périphériques dépend avant tout des lipoprotéines de type LDL, mais aussi des chylomicrons, des Vldl et des IDL. Mais, à l'inverse, le courant d'efflux (ou « reverse transport ») transporte le cholestérol qui provient de la voie d'influx ou du métabolisme endogène. Il dépend des lipoprotéines de type HDL, qui exercent ainsi un effet antiathérogène.
Un mécanisme d'action non univoque.
Mais le mécanisme par lequel les particules d'HDL exercent un effet antiathérogène ne se limite pas à un rôle épurateur. En effet, il est possible qu'une partie de l'effet protecteur du HDL provienne de son action antioxydante et anti-inflammatoire. Il est bien établi que les lipoprotéines de type LDL sont un élément clé de l'inflammation et de l'athérogenèse, en particulier lorsqu'elles sont oxydées. Les mécanismes de cette oxydation sont très variés, ce qui sous-entend qu'une protection efficace ne pourrait pas être conférée par un antioxydant unique de faible poids moléculaire comme les vitamines E ou C. En revanche, un système biologique qui neutraliserait les diverses formes de stress oxydatif impliquées dans l'athérogenèse pourrait être efficace. Cette hypothèse concerne les lipoprotéines de type HDL. Elle est d'autant plus séduisante que différentes enzymes et apolipoprotéines antioxydantes, comme la paraoxonase ou la lécithine-cholestérol-acyltransférase, sont associées aux particules d'HDL. Il en va de même de certaines apolipoprotéines comme l'apoliprotéine A-I, un composant majeur des particules d'HDL. Toutes ces données suggèrent que le HDL peut agir comme accepteur de lipides oxydés. Cette action s'exerce sur les LDL athérogènes.
Une telle action antioxydante des lipoprotéines HDL a pu être mise en évidence chez les sujets normolipémiques. La sous-fraction d'HDL concernée est celle que constituent les particules de HDL petites et denses.
De même, chez les patients ayant un syndrome métabolique, le rôle du HDL semble important, tant du point de vue quantitatif que qualitatif, dans la genèse des lésions athéromateuses. Selon la définition du programme national d'éducation sur le cholestérol des Etats-Unis, en effet, le syndrome métabolique associe au moins trois critères : obésité abdominale, triglycéridémie supérieure ou égale à 1,5 g/l ; anomalie quantitative du HDL cholestérol avec un taux sanguin inférieur à 0,40 g/l chez l'homme ou 0,50 g/l chez la femme ; glycémie à jeun supérieure ou égale à 1,10 g/l ; pression artérielle supérieure ou égale à 130/85 mmHg. Les anomalies du HDL cholestérol semblent ainsi importantes, non seulement au plan quantitatif, mais aussi pour ce qui est de sa fonction antioxydante.
La compréhension du mécanisme intime de l'action cardioprotectrice que confère les particules d'HDL est particulièrement novatrice. Elle est susceptible d'ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques dans la prise en charge de l'athérosclérose.
D'après un entretien avec le Dr Anatol Kontush, Inserm U551, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris).
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