Il n'y a rien de choquant dans l'idée de regrouper les détenus corses dans une prison où leurs familles peuvent leur rendre visite. La peine, c'est la détention, et rien d'autre.
Mais ce regroupement représentait une revendication des nationalistes, ceux-là même qui ont refusé de poursuivre la négociation sur la base des accords de Matignon. Le ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant, a donc répondu à un geste de défi par une nouvelle concession. A ce jeu-là, les nationalistes obtiendront tout ce qu'ils voudront sans lever le petit doigt.
C'est donc le « timing » de la mesure qui n'est pas bon. Elle a d'ailleurs été accueillie très fraîchement par les nationalistes qui la considèrent comme un « gadget ». Elle apporte de l'eau au moulin de Jean-Pierre Chevènement qui peut dire, encore une fois, que la violence, loin d'appeler la répression, entraîne l'indulgence croissante du gouvernement, qui envoie ainsi à l'opinion publique un nouveau message sur son manque de fermeté. Elle déchaîne l'opposition qui triomphe sans péril quand elle répète que le gouvernement essaie désespérément de relancer un processus mort et enterré.
Cette nouvelle erreur du gouvernement le place dans une situation plus qu'inconfortable : le dossier corse ne sera sans doute refermé avant les élections de l'an prochain ; il va servir d'instrument idéal à la campagne de la droite, laquelle, pourtant, n'a pas de raisons de se féliciter de sa propre politique corse, qui a souvent traité le problème par la négligence bénigne et n'a jamais proposé une orientation aussi audacieuse (mais en même temps dangereuse) que celle de Lionel Jospin.
On préférerait donc, en l'occurrence, ne pas accabler le Premier ministre : on lui a assez reproché de ne pas avoir lancé des réformes indispensables mais périlleuses, comme celles de la fonction publique ou des retraites, pour ne pas le blâmer pour sa diligence dans le dossier corse. Mais il a sous-estimé la capacité des nationalistes à donner du fil à retordre à tous les gouvernements, le sien compris. Il aurait mieux fait d'écouter M. Chevènement qui a au moins vu une chose : en Corse, l'alibi politique couvre souvent des comportements criminels avec lesquels le pouvoir ne peut passer aucun compromis.
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