AUTO
PAR JACQUES FRENE
P OURQUOI les Européens, et les Français en particulier boudent-ils la boîte automatique alors que l'utilisateur lambda américain ne peut se passer d'elle ?
Il y a belle lurette que les sociologues du quatre roues planchent sur cette question. A vrai dire, la réponse à cette interrogation est à triple, voire à quadruple détente. D'abord, nos concitoyens sont des latins et en tant que tels ils sont réputés machistes. Conséquence, ils aiment dominer. Appliqué à l'automobile, cela signifie qu'ils préfèrent exercer leur pouvoir sur leur véhicule plutôt que de subir. Cette attitude s'accompagne heureusement de considérations plus rationnelles. Jusqu'à l'apparition des boîtes automatiques modernes, une voiture avec la b.a. avait la réputation non usurpée de coûter cher. A l'achat mais aussi à l'usage du fait du surcroît de consommation et du peu de plaisir qu'elle générait.
Dernier élément - et non des moindres - à porter dans la colonne débit de la b.a., la revente en occasion. Forcément plus délicate du fait d'une réputation peu flatteuse.
Inconvénient qui perdure. Les habitudes ont la peau dure !
Bref, quand on avait un engin de ce genre dans son garage, on risquait de le garder un certain temps ! On ajoutera enfin que les constructeurs n'ont guère déployé d'efforts pour porter la bonne parole auprès de leurs clients.
L'addition de tous ces facteurs a donc fini par créer un phénomène de rejet. Sauf chez certains professionnels de la route, notamment les taxis, et les possesseurs de grosses cylindrées.
Associée aux V 6 ou au V 8 hauts de gamme, la boîte automatique offre en effet un réel agrément. Avec 150 ch voire plus sous le capot, la sensation de soumission disparaît. On peut toujours relancer la « cavalerie » pour retrouver son pouvoir magique.
Alors qu'accouplée à des moteurs de petite ou de moyenne cylindrée, on ne maîtrise pas totalement son sujet.
Avec l'avènement des systèmes Tiptronic de conception Porsche, des boîtes proactive Renault bardées d'électronique et des boîtes robotisées, qui sont en fait des boîtes mécaniques déguisées en boîte automatique (pas de pédale d'embrayage, utilisation en mode automatique classique ou passage des vitesses par impulsion) les constructeurs espèrent enfin vaincre les tabous. Le processus semble bien engagé puisqu'en cinq ans, le contingent des fans de l'automatique a doublé en France (46 128 en 1995, 94 346 en 2000).
La partie n'est pas gagnée pour autant. Même si le fait de ne plus avoir à embrayer et à débrayer est un plus indéniable dans les embarras de la circulation, le manque de puissance reste un frein à l'achat.
Ce trait de caractère, on le ressent nettement au volant de la Twingo Quickshift équipée du moteur 1,2 l, 60 ch, 8 soupapes. Un peu moins à celui de la Corsa Easytronic 1,2 l, 75 ch, 16 soupapes. Huit soupapes en moins ou en plus, cela change tout.
Renault qui, soit dit en passant, n'a réalisé que 7 % de ses ventes avec l'ancien système Easy jugé trop brutal, s'apprête à rectifier le tir. Un version 75 ch, 16 soupapes sera en effet commercialisée cet été.
A l'heure actuelle, l'Opel Corsa bénéficie d'un préjugé favorable. Mais pas seulement en raison de 15 chevaux supplémentaires que délivre son moteur.
La Twingo dont l'habitabilité record est le meilleur des arguments avec une ligne qui n'a pas pris une ride, est en quelque sorte trahie par sa direction assistée peu réactive. Au point que le train avant donne parfois l'impression de se dérober en entrée de virage. En usage urbain, le défaut n'est pas rédhibitoire. Hélas, dès que l'on quitte les agglomérations, l'affaire se complique.
Au niveau des consommations, la Corsa 75 ch présente un bilan moyen en ville avec 8 l alors que la Twingo 60 ch affiche 7,5 l, avec la climatisation en marche.
En ce qui concerne la consommation ajustée (ville-route) le bilan est de 6,2 l pour la Corsa 75 ch contre 5,9 l pour la Twingo 60 ch, climatisation en marche (5,7 l sans).
L'intronisation de la technologie Quickshift sur la Renault a quand même une conséquence heureuse en ce sens qu'elle rend désormais compatibles l'automatique et la climatisation, chose impossible à l'époque de la boîte automatique classique, laquelle n'a plus sa raison d'être. D'où sa suppression du catalogue.
A son crédit, la Twingo Quickshift dispose en plus de l'ABS en série alors que la Corsa ne le propose qu'en option.
Les deux rivales sont en revanche d'accord sur un point : le prix du supplément boîte robotisée fixé à 3 500 francs.
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