L ES progrès réalisés dans la prise en charge des facteurs de risque cardio-vasculaire des patients coronariens ont été nombreux, avec notamment l'instauration des traitements hypolipidémiants. Mais la prévention secondaire de la maladie coronaire est encore insuffisante et « bien des progrès sont encore à faire ».
L'étude EUROASPIRE I (EUROpean Action on Secondary Prevention by Intervention to Reduce Events), réalisée en 1995-1996 sur des cohortes de patients coronariens plus de six mois après la survenue d'un accident coronaire dans neuf pays européens, avait montré que la mise en œuvre de mesures effectives de prévention comportementales et médicamenteuses pouvait offrir de larges bénéfices. Une deuxième étude, EUROASPIRE II, était réalisée dans les mêmes pays, cinq ans plus tard, avec le même type de patients (3 000) pour voir si la mise en œuvre des mesures comportementales et médicamenteuses avait progressé.
Toujours un écart important
Les résultats comparés des deux études montrent qu'il existe toujours un écart important entre le nombre de patients susceptibles de recevoir un traitement et le nombre de patients effectivement traités, ou qui ont atteint leur objectif lipidique, et que l'évolution des facteurs de risque cardio-vasculaire reste préoccupante. La consommation de tabac est restée identique dans les deux études (autour de 20 %), la prévalence des sujets obèses a augmenté de 25,3 à 32,8 %. Le nombre de sujets avec une tension artérielle supérieure à 140 mmHg et/ou à 90 mmHg était pratiquement le même (plus de 50 %). En revanche, la proportion de patients ayant un cholestérol total supérieur à 5 mmol/l avait significativement diminué dans l'étude EUROASPIRE II (58,8 %, contre 86,2 % dans EUROASPIRE I). Le fait marquant est surtout une prescription des traitements hypolipémiants en forte augmentation (de 32 à 62,9 %), traduisant une meilleure prise en charge d'un facteur de risque cardio-vasculaire majeur, l'élévation du C-LDL.
Malgré ce dernier point qui souligne la prise en compte par les praticiens des résultats de l'étude 4S (Scandinavian Simvastatin Survival Study), démontrant la diminution de la mortalité secondaire à l'administration de simvastatine chez les patients coronariens (- 30 % de la mortalité totale), il apparaît important d'accentuer la prise en charge des patients coronariens, de rechercher de nouvelles approches pour la mise en œuvre de mesures préventives, tant comportementales que médicamenteuses, en vue d'une amélioration de la qualité de vie des patients et de leur survie à long terme.
Des données s'accumulent
Actuellement, les données scientifiques s'accumulent, sur l'intérêt, sur le bénéfice clinique chez les patients coronariens d'une prise en charge précoce par une statine. Plusieurs études réalisées avec des statines ont mis en évidence des effets positifs sur les marqueurs de la dysfonction endothéliale, de l'agrégation plaquettaire et de l'inflammation vasculaire. Ainsi, souligne le Pr M. Bertrand, « il existe un rationnel physiopathologique soutenant l'existence d'un bénéfice de la prise en charge précoce de ces patients coronariens par une statine ».
Des résultats récents issus d'une étude prospective portant sur 20 000 patients, du registre suédois RIKS HIA des soins intensifs cardiaques, a montré que les patients traités par une statine dès la sortie de l'hôpital voient leur risque relatif de décès réduit de 25 % à un an par rapport aux patients qui ne recevaient pas de statine. L'étude LISTRAMI (Pedersen et coll.) confirme l'hypothèse que les patients recevant un traitement hypoglycémiant avant la sortie de l'hôpital sont plus susceptibles de poursuivre ce traitement au long cours et d'atteindre leur objectif lipidique ; les patients sont plus réceptifs (« teachable moment ») à la nécessité de bien observer le traitement et le régime prescrits. Les résultats de cette étude ont montré que, trois mois après l'hospitalisation, 90 % des patients traités par simvastatine (40 mg/j) et un régime hypoglycémiant avaient atteint leur objectif lipidique, contre 7 % des patients sous régime seul.
Actuellement donc, « le praticien se doit de prendre en compte les bénéfices cliniques en termes de mortalité, observés dans l'étude RIKS HIA, et l'impact de sa propre action thérapeutique pour améliorer, avec un médicament à l'efficacité prouvée, la prise en charge de ses patients coronariens », estime le Pr Bertrand.
Conférence de presse organisée par les Laboratoires MSD sur le thème « Quoi de neuf sur la prise en charge des coronariens hospitalisés ? », avec, pour intervenants, les Prs M. Bertrand et P. Amouyel (Lille).
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