De notre envoyée spéciale
C ES résultats, obtenus chez 238 patients, corroborent ceux de l'étude pilote, sur 45 patients, menée au Brésil et aux Pays-Bas (dans ce précédent travail, à deux ans du début de l'étude, aucune resténose n'a été constatée).
Les patients de l'étude Ravel présentaient une lésion coronarienne monoartérielle de novo, responsable d'angor stable ou instable, engendrant une ischémie myocardique silencieuse documentée. D'une moyenne d'âge d'environ 60 ans, ils étaient représentatifs de la population coronarienne (20 % de diabétiques, 40 % d'hypercholestérolémiques, plus de 60 % d'hypertendus, 30 % de fumeurs). Tous étaient sous aspirine et recevaient pendant deux mois après l'intervention soit du clopidogrel, soit de la ticlopidine. Le diamètre de la lumière vasculaire était comprise entre 2,5 et 3,5 mm. L'étude Ravel a été menée dans 19 centres d'Europe et d'Amérique du Sud.
Les 238 patients ont donc bénéficié d'une revascularisation avec soit un stent enrobé de sirolimus (n = 120), soit un stent classique (n = 118 ; groupe contrôle).
Moins d'événements cardio-vasculaires
Sur le plan des événements cardio-vasculaires à six mois, c'est-dire la survenue d'un infarctus du myocarde, d'une chirurgie (pontage), d'une mort cardio-vasculaire, 97 % des patients du groupe sirolimus n'ont eu aucun événement contre 72 % du groupe contrôle (p < 0,0001).
Pour Marie-Claude Morice, principale investigatrice de cette étude multicentrique, randomisée en double aveugle, « il s'agit d'un beau succès qui ne se retrouve pas dans les études menées auparavant, qu'il s'agisse de Benestent I Balloon (72 %), de Benestent I Stent (80,2 %) ou encore de Benestent II Stent (83,2 %) ».
L'étude Ravel démontre la faisabilité et la sécurité de la pose d'un tel stent puisque, à J30, il n'y a eu aucun événement thrombotique aigu ou subaigu, les patients étant aussi sous ticlopidine ou clopidogrel.
Le sirolimus, puissant immunosuppresseur cytostatique, inhibe le cycle cellulaire et s'opposerait, par ce biais, au remodelage et à l'hyperplasie néo-intimale responsable de la resténose. Le sirolimus est libéré pendant 45 jours ; à 30 jours, 90 % du produit a diffusé.
Cette étude est de mauvais augure pour la brachythérapie, estime le Dr Morice, si les résultats se confirment à long terme ; et d'ailleurs, un suivi sur cinq ans est prévu pour voir si l'efficacité et la tolérance d'un tel stent sont durables.
Une autre étude sur des artères resténosées
Une autre étude est actuellement menée mais sur des artères déjà dilatées qui présentent une resténose. Selon la spécialiste, si de bons résultats sont obtenus, cela signerait à terme la fin de la brachythérapie, qui échoue dans la dilatation d'artères resténosées.
Le stent enrobé de sirolimus a été développé par le Laboratoire Cordis (Société Johnson & Johnson), qui a soutenu l'étude, et qui le commercialisera. Il devrait apparaître à la fin de l'année prochaine en Europe.
Le Dr Morice se dit confiante dans l'avenir. Ces nouvelles données vont sans doute avoir un impact sur la pratique médico-chirurgicale.
Stockholm. Congrès de l'ESC. D'après une communication du Dr Marie-Claude Morice (service de cardiologie de l'hôpital de Massy) lors d'une session sur la chirurgie de revascularisation coronarienne.
(1) Ravel : RAndomised Study With Sirolimus-Eluting Velocity Balloon Expendable Stent in the Treatment of Patients With de Novo Native Coronary Artery Lesions.
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