« On se calme. » Le Syndicat des médecins libéraux (SML), signataire de l'accord stratégique du 10 janvier avec la CSMF, MG-France, Alliance et les caisses d'assurance-maladie, s'adresse en ces termes au corps médical, et en particulier aux spécialistes libéraux, qui ne manifestent pas un enthousiasme effréné pour ce texte.
« Les syndicats de médecins sont soumis à des critiques de médecins de terrain et d'organisations plus ou moins spontanées qui ont fait de la contestation leur fond de commerce », constate le SML, avant de préciser que ce n'est pas la convention qui a été signée mais bien un « relevé d'étape ». Le SML et la CSMF, qui réuniront leurs assemblées générales fin mars, se veulent très clairs sur ce point : la traduction en texte juridique de l'accord du 10 janvier est une nouvelle négociation qui s'annonce, ardue et complexe. En attendant, les deux centrales syndicales s'efforcent d'expliquer à une partie de leur base, un peu désarçonnée, les mesures concrètes et les « potentialités » de l'accord, obtenu à l'arraché. « C'est vrai que de nombreux spécialistes n'ont retenu que le CS à 23 euros au 1er février », soupire un responsable syndical. La CSMF et le SML insistent sur l'enveloppe globale de « 751 millions d'euros » (en dépenses remboursées, effet volume inclus), consacrée en 2003 à la progression des honoraires des médecins libéraux , généralistes et spécialistes confondus. « Les médecins doivent garder leur sang-froid et ne pas céder aux sirènes des boutefeux qui les entraînent sur une voie dangereuse », ajoute le SML.
Mais personne ne minimise les difficultés à venir. Une nouvelle séance conventionnelle pourrait se tenir le 20 février. Dès maintenant, les partenaires poursuivent leurs contacts pour « dénouer les points de friction . Selon le SML, le « point le plus épineux, et de loin » demeure celui de la liberté tarifaire et de la redéfinition du DE actuel. De nombreux spécialistes estiment toujours que, dans un contexte économique qui limite la revalorisation des honoraires opposables, seule une utilisation très élargie du droit au dépassement permettrait de revaloriser vraiment la pratique médicale.
La révolte des psychiatres
Du côté des psychiatres libéraux, le relevé de conclusions du 10 janvier soulève toujours un tollé. Après le Syndicat national des psychiatres privés (SNPP), c'est au tour du Syndicat des psychiatres français (SPF) de rejeter en bloc cet accord. Le SPF, qui représente « plus de 1 500 psychiatres libéraux exclusifs ou à temps partiel » (un quart des effectifs), affirme « leur refus d'une signature conventionnelle en l'état » et « exige la renégociation du volant des honoraires ».
Le texte prévoit un effort financier des caisses de 26 millions d'euros, dont 16 en 2003, pour revaloriser la consultation des psychiatres. « Tous les calculs que l'on peut faire aboutissent à 1,5 euro de revalorisation la première année et à 0,5 euro la deuxième année : c'est se moquer des gens après huit ans de blocage ! », s'insurge le président du SPF, le Dr Pierre Staël. « Les psychiatres libéraux ont les revenus les plus bas de tous les médecins, généralistes compris », poursuit le Dr Staël. Le SPF souhaite une « revalorisation du CNPSY à 50 euros à terme » et « au moins 40 euros pour démarrer » (contre 34,30 euros aujourd'hui pour un psychiatre en secteur I). En attendant, le SPF « remettra en cause son affiliation à la CSMF si elle signe en l'état la convention ».
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