L 'AUGMENTATION de la prévalence de l'obésité - qualifiée « d'épidémie » - du diabète de type 2 et des affections liées à l'athérosclérose inquiète à juste titre les cardiologues ; c'est la raison pour laquelle l'efficacité de deux programmes alimentaires très en vogue actuellement aux Etats-Unis a fait l'objet d'une présentation, appuyée par les résultats d'études cliniques.
Très connu pour son livre « Newdiet Revolution », le Dr Atkins, responsable du Complementary Medicine Center (New York) préconise depuis trente ans un régime amaigrissant fondé sur une alimentation riche en lipides et pauvre en glucides raffinés.
Les graisses stockées comme combustible
Il résume l'essentiel de sa théorie en expliquant que « une alimentation riche en hydrates de carbone raffinés induit des troubles de la régulation de la sécrétion de l'insuline avec hyperinsulinisme réactionnel et stockage de graisses sous forme de triglycérides ».
En cas de surpoids, il prône un régime avec apports glucidiques restreints où sont privilégiés les hydrates de carbone de faible index glycémique ; le reste de l'alimentation doit fournir des apports protéiques peu gras, des fibres, le tout étant complété par des suppléments vitaminiques. Ainsi, « les graisses stockées peuvent être utilisées comme source énergétique au détriment du métabolisme glucidique, ce qui favorise la perte de poids et l'abaissement des concentrations des triglycérides plasmatiques », explique-t-il.
Afin de démontrer les effets de ce type d'alimentation, et contrer les nombreuses critiques, les recommandations du Dr Atkins ont été récemment évaluées dans une étude clinique randomisée, effectuée pendant trois mois chez 45 personnes ; cet essai a comparé la perte de poids et les profils lipidiques plasmatiques associés à un régime riche en lipides mono- et polyinsaturés et pauvre en glucides raffinés versus le régime classique recommandé par l'AHA* en prévention cardio-vasculaire, plutôt riche en glucides et apportant peu de cholestérol et de graisses saturées.
Le régime traditionnel avec apports réduits en lipides saturés a entraîné une réduction plus importante du cholestérol total, du HDL cholestérol et du LDL cholestérol plasmatiques que le régime riche en lipides et pauvre en glucides. Cependant, « seul le régime riche en lipides et pauvre en glucides s'est accompagné d'une diminution significative du taux des particules de LDL de petite taille, sous-classe de lipoprotéines très athérogènes», a précisé le Dr Atkins. Il a également entraîné une diminution des dosages du cholestérol total - mais le HDL cholestérol est resté inchangé - et des triglycérides. Modifications, qui pour le Dr Atkins, « sont en faveur d'une prévention efficace des cardiopathies ischémiques et des accidents vasculaires cérébraux ». Celui-ci a conclu « que, au lieu de réduire la quantité globale des apports lipidiques, il faut choisir les bons lipides et les bons glucides ».
Un programme de momification du mode de vie
De son côté, le Dr Ornish, du Preventive Medicine Research Institute (Californie) recommande un régime alimentaire le plus possible dépourvu d'aliment protidiques d'origine animale (haute teneur lipidique) et il préconise un apport conséquent en légumes, en fruits et en sucres lents. Pour compléter cette modification diététique de type « végétarien », il suggère de l'intégrer à une démarche plus globale où le patient est encouragé à suivre quatre autres conseils : arrêter de fumer, faire du sport régulièrement, développer des techniques de gestion du stress et rechercher le soutien de son entourage.
Afin d'étayer ses principes hygiénodiététiques, le Dr Dean Ornish a présenté une étude angiographique qui a comparé les caractéristiques des coronaires chez des volontaires sains à celles de sujets végétariens non fumeurs : les images ont objectivé moins de lésions calcifiées dans ce dernier groupe. De plus, après cinq ans de suivi, les résultats ont montré une perte de poids et une diminution du LDL cholestérol chez les patients qui ont respecté un régime pauvre en graisses mais riche en hydrates de carbone lents.
La seule difficulté du programme du Dr Ornish, et elle est de taille outre-Atlantique, est « de parvenir à suivre des recommandations aussi strictes et radicales pendant une période prolongée », s'est contenté de commenter le Dr Atkins.
Car il ne s'agit pas, en cardiologie préventive, de « régime » alimentaire, mais de « mode alimentaire », voire de mode de vie.
D'après les communications des Drs R. Atkins (New York) et D. Ornish (Sausalito, Californie).
* AHA : American Heart Association.
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