Prise en charge de la douleur

Contre un paradoxe, la démarche qualité

Publié le 31/05/2004
Article réservé aux abonnés

UNE PRISE DE CONSCIENCE apparaît : l'amélioration de la prise en charge de la douleur est importante non seulement pour le mieux être du malade mais aussi pour le résultat thérapeutique. Pourtant, indique le Pr Marcel Chauvin (hôpital Ambroise-Paré, Boulogne), le traitement de la douleur est loin d'être satisfaisant. « Malgré les progrès considérables dans les connaissances des mécanismes de la nociception, les développements pharmacologiques, l'introduction de nouvelles techniques et, surtout, la publication de "guidelines" et de recommandations, certains experts parlent encore d'"oligoanalgésie". » Comment lutter contre ce paradoxe, ce hiatus entre connaissances et pratique ? « Le seul moyen efficace, estime M. Chauvin, est l'utilisation de la méthodologie de la démarche qualité », qui comporte trois étapes: 1) identifier l'écart entre les connaissances et leurs applications; 2) élaborer des actions dites correctives ; 3) vérifier l'application des mesures prises. Chaque année, un « tour de roue » est effectué pour améliorer progressivement l'adéquation optimale entre la connaissance et la pratique.
Ainsi, la mise au point, par des experts reconnus, de procédures de démarche-qualité dans la douleur, est apparue comme un service aux équipes hospitalières.
Dans le cadre de l'engagement des Laboratoires Grünenthal dans une politique de services totalement dédiés aux soignants, explique Frédéric Moreno (Grünenthal), des modules DeQuad (Démarche Qualité Douleur Grünenthal) ont vu le jour dans la douleur postopératoire et dans la douleur aux urgences ; un module « douleur et réhabilitation » est en cours.

Douleur postopératoire.
En anesthésie-réanimation, la situation est compliquée : intervenants différents, lieux multiples, partage des responsabilités ; d'où inhomogénéité voire incohérence des prescriptions. Ce qui a conduit à une optimisation des procédures de la prise en charge de la douleur postopératoire ; cela, à travers des recommandations élaborées à partir de conférences de consensus et d'experts, organisées par la Sfar.
Avec le soutien de Grünenthal, un outil a été mis en place dans les services d'anesthésie-réanimation. Des réunions de formation ont ensuite été organisées dans toute la France. « Après six années d'expérience et de dialogue avec des anesthésistes-réanimateurs, des chirurgiens et des infirmières de différents types de services, nous avons la satisfaction de voir que ce programme se poursuit, se développe et correspond toujours aux attentes de nos collèges », souligne M. Chauvin.
L'expérience acquise avec ce premier module a aidé à l'application de la démarche qualité pour un deuxième module : la douleur en situation d'urgence.

Douleur aiguë en situation d'urgence.
Comme l'explique le Dr Agnès Ricard-Hibon (Smur, hôpital Beaujon, Clichy), dans une situation d'urgence (prise en charge, conditionnement, transport depuis le domicile ou le lieu de l'accident jusqu'à l'hôpital), la chaîne de soins comprend de nombreux intervenants. De plus, dans ces conditions, la souffrance aiguë recouvre des pathologies très diverses. Les sociétés savantes ont d'abord privilégié l'élaboration de consensus ; puis mis en place les discussions nécessaires au choix des outils d'évaluation de la douleur. « La démarche de partenariat des Laboratoires Grünenthal, indique le Dr Ricard-Hibon, a donc été accueillie avec bienveillance dans l'optique d'accélérer la familiarisation des médecins et du personnel soignant des urgences aux procédures d'amélioration de la qualité de la prise en charge de la douleur. Au terme de trois ans d'élaboration et de formation avec toute une équipe d'experts, nous attaquons un deuxième cycle de réunions avec les équipes des structures d'urgences initialement formées. Tout un travail d'adaptation des modules de formation a été réalisé. »
Pour compléter la démarche qualité dans la douleur dans les services d'urgences, le soutien de Grünenthal s'est également porté sur un ouvrage de synthèse des différentes techniques antalgiques validées en situation d'urgence (Cf. encadré).

Paris. Une conférence de presse des Laboratoires Grünenthal.

Un ouvrage

Au fil des réunions sur la douleur en situation d'urgence, explique le Dr Jean-Louis Ducassé (CHU Toulouse), est apparue une vérité : il manquait un ouvrage de synthèse sur la prise en charge de la douleur aiguë en situation d'urgence. Ont participé à la rédaction d'un tel ouvrage, outre les membres du groupe DeQuad Urgences, des auteurs reconnus dans différents domaines de la douleur. C'est ainsi que, réalisé en partenariat avec les Editions Arnette, est apparu la monographie : « Douleurs aiguës en situation d'urgence : des techniques à la démarche qualité », premier tome d'une collection qui s'étendra peut-être à tous les domaines de la démarche qualité douleur. Le livre sera distribué en priorité aux membres des structures d'urgence déjà formés à cette démarche. Ensuite, chaque médecin travaillant dans un service d'urgence et qui en fera la demande aux Laboratoires Grünenthal en recevra un exemplaire.

Dr E. DE V.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7550