Contre les inégalités, pour la vie après le cancer

Publié le 17/12/2009
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Depistage plan cancer II

Depistage plan cancer II
Crédit photo : Sébastien Toubon

S’IL S’INSCRIT dans la continuité du plan 2003-2007, le nouveau plan Cancer, largement inspiré du rapport du Pr Jean-Pierre Grünfeld de février 2009, entend donner un nouvel élan et une nouvelle ambition à la lutte contre une maladie érigée en « cause nationale ». L’État va d’ailleurs s’y engager à hauteur de 750 millions d’euros.

Le programme annoncé se décline en 5 axes majeurs (Recherche, Observation, Prévention-dépistage, Soins, Vivre près le cancer), 30 mesures et 118 actions et poursuit trois objectifs prioritaires qui sont autant de grands thèmes transversaux irriguant et structurant l’ensemble. Le premier, « la réduction des inégalités, est une priorité absolue dans toutes ses dimensions, prévention, dépistage, soins et accompagnement, que nous devons traiter de manière transversale », a souligné le président lors de la présentation des mesures à Marseille. Le deuxième, une meilleure prise en compte des facteurs individuels et environnementaux afin de personnaliser la prise en charge avant, pendant et après le cancer. Le troisième, enfin, concerne spécifiquement le médecin traitant, dont le rôle est renforcé et ce, à tous les moments de la prise en charge.

Cinq pôles d’excellence.

Parmi les 30 mesures du plan, certaines sont considérées comme des mesures phare, notamment en ce qui concerne la recherche. Cinq sites pluridisciplinaires vont être sélectionnés et labellisés pour devenir des pôles d’excellence. Ces sites devront accélérer le transfert entre la recherche scientifique et les soins aux malades. De même, un effort sera fait pour augmenter de 50 % la participation des malades aux essais cliniques, notamment des plus vulnérables (enfants, personnes âgées, tumeurs rares et formes graves).

Toujours dans le domaine de la recherche, plus de 15 % du budget sera consacré à l’analyse des risques environnementaux et comportementaux. Le système d’observation et de surveillance des cancers devrait évoluer pour être plus exhaustif, plus réactif et plus prospectif. Une analyse de la répartition des cancers sur le tout le territoire devrait être disponible chaque année.

Sur les moyens humains nécessaires, Nicolas Sarkozy a évoqué une augmentation de 20 % du nombre de spécialistes – oncologues, radiothérapeutes, hématologues, « en nombre insuffisant ». Un effort particulier de recrutement sera consenti en faveur des radiophysiciens.

Plus de dépistage organisé.

La prévention et le dépistage sont un autre temps fort des mesures, notamment en direction des plus précaires et des exclus. D’ici à 2013, la participation de la population au dépistage organisé doit augmenter de 15 %, et de 50 % dans les départements rencontrant le plus de difficultés.

La lutte contre le tabagisme bénéficie d’une série de mesures, comme la hausse de 6 % du prix du tabac, des avertissements visuels sur les paquets pour atténuer l’image positive de la cigarette, l’interdiction de la vente sur Internet, la stricte application de l’interdiction de la vente d’alcool et tabac aux mineurs. En 2010, il y aura également renforcement des moyens consacrés à l’aide au sevrage, avec un meilleur remboursement des substituts antitabagiques (150 euros au lieu de 50 pour les bénéficiaires de la CMU et les femmes enceintes). Des aides substantielles seront accordées à des associations qui œuvrent dans ce champ des addictions.

Accompagner les guérisons.

La prise en charge personnalisée et l’amélioration de la qualité de vie pendant et après le cancer constituent deux domaines où l’implication du médecin traitant est fortement souhaitée. Le plan prévoit que 80 % des patients bénéficient au moins d’un programme personnalisé. De même, afin de « développer une vision décomplexée du cancer », qui guérit dans la moitié des cas, 50 % des patients devront bénéficier d’un programme personnalisé de l’après-cancer et leur insertion devra être facilitée (travail, accès aux prêts et à l’assurance). Les patients ne seront alors plus suivis dans le cadre des affections longue durée (ALD), une décision fondée sur les recommandations de la Haute Autorité de santé mais très critiquée par les associations de patients. « Ce n’est pas une décision facile à prendre mais il faut être cohérent, si le patient est guéri, il n’est pas en ALD », a commenté Nicolas Sarkozzy.

Num. Spécial du : 18/12/2009

Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr: