LES RÉSULTATS de deux séries d’études tendent à montrer que les discriminations envers les personnes séropositives, plutôt qu’à décroître, ont tendance à se durcir. Dans l’enquête sur les connaissances, attitudes, croyances et comportements face au VIH/sida réalisée en 2004, les personnes interrogées sont moins nombreuses que celles qui avaient été interrogées en 2001 à accepter de travailler avec une personne séropositive ou à être capables d’envisager une relation sexuelle protégée avec une personne séropositive. En 2005, plus de huit personnes sur dix parmi les personnes séropositives qui ont appelé la ligne Sida Info Service ont déclaré avoir subi au moins un événement discriminatoire dans leur vie sociale comme dans leur vie publique.
Cette observation, tirée de la dernière enquête réalisée par l’association, permet de brosser un portrait des différentes discriminations : le premier domaine touché est le milieu médical, avec notamment de fréquents refus de soins dentaires, avant le milieu professionnel (un tiers des personnes), les banques et assurances ou encore les voisins et la sphère privée.
Améliorer l’acceptation sociale.
«Une meilleure acceptation sociale des personnes atteintes a des implications directes en matière de prévention», notent les autorités sanitaires. D’une part, cela améliore le bien-être des personnes touchées, chez lesquelles on observe alors un meilleur suivi thérapeutique, une meilleure observance des traitements et un renforcement du comportement de prévention. D’autre part, les phénomènes de discriminations cumulées peuvent entraîner une désocialisation et une prise de risque plus importante – la peur de se voir à nouveau discriminé peut conduire à des attitudes d’autoexclusion ou à ne pas révéler sa séropositivité lors d’un rapport occasionnel.
«Il paraît nécessaire de faire progresser la tolérance, d’améliorer l’image des personnes séropositives et d’éviter la culpabilisation», assurentle ministère de la Santé et l’Inpes, qui lancent une campagne de communication à forte visibilité, sur le thème : « sida : ensemble luttons contre les discriminations des personnes séropositives ».
La campagne se décline selon deux cibles, le grand public et les personnes les plus exposées : la population homosexuelle, les migrants, les personnes vivant dans les départements français d’Amérique (DFA).
En direction du grand public, trois spots sont diffusés, depuis hier et jusqu’au 25 juin, sur les chaînes hertziennes et une sélection de chaînes du câble/satellite/TNT. Le premier met en scène une jeune femme à une terrasse de café. Elle vient à la rencontre du spectateur, s’installe face à lui et entame la conversation. La scène, banale, est brutalement interrompue par l’annonce de la séropositivité de la jeune fille. Les auteurs ont voulu confronter le spectateur au changement éventuel d’opinion qu’entraîne une telle annonce. Les deux autres spots mettent respectivement en scène un couple d’Africains homosexuels vivant en France et un couple d’homosexuels masculins. Dans les deux cas, un seul des deux partenaires est séropositif. Le spectateur est invité à réfléchir à sa capacité à accepter la séropositivité, au-delà du contexte amoureux.
Le message est aussi symboliquement fort sur la possibilité d’une vie affective et amoureuse entre deux personnes de statuts sérologiques différents.
La campagne à destination des homosexuels comporte une série d’actions dans les lieux gays : diffusion de cartes d’information contre les idées reçues sur le VIH et d’affichettes sur le traitement postexposition. La sortie de la troisième saison du roman-photo « Nous tous », qui valorise les comportements de prévention, est prévue pour le mois de juillet. Sur Internet sont mis en ligne un site, www.havefun.fr, et un sitcom de prévention, www.e-vonne.com, et plus tard, en juillet, la première section d’un site de conseils pour les jeunes couples qui veulent mesurer leur capacité à arrêter l’utilisation du préservatif, www.tienstoipret.fr. Les médias audiovisuels diffuseront des messages dans les festivals gays et lesbiens.
Ni responsables ni coupables.
En direction des populations migrantes, où les séropositifs sont «souvent perçus comme responsables et coupables de leur contamination», sont prévues : deux campagnes dans les radios communautaires, qui visent à lutter contre le rejet des personnes atteintes ; des groupes de parole enregistrés en Afrique et auprès d’Africains de France, destinés aux acteurs de prévention. De même, une version longue de la campagne du 1er décembre, qui avait été tournée sur des lieux de vie de la communauté africaine et lors d’un entraînement de football, avec des personnalités comme Omar et Fred ou Daniella Lombroso, est disponible. Enfin, dans les départements français d’Amérique, RFO se mobilise (émission « Matin péyi ») et la campagne déjà diffusée en décembre 2005 sera reprise.
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