LE TEXTE FONDAMENTAL irakien ne constitue pas en soi une panacée. Il est loin de la perfection, d'autant qu'il laisse en suspens les problèmes les plus graves de la société irakienne d'aujourd'hui. Mais les factions terroristes n'ont pas pu empêcher les Irakiens de se rendre aux urnes. Et il faut voir avec quelle fierté ils ont voté.
C'est la meilleure réponse aux assassinats massifs de Abou Moussab Al Zarkaoui, dont le modèle est Ben Laden. Et pour les Américains, c'est un succès considérable. De même que les élections législatives du début de l'année ont apporté un soutien objectif à la politique engagée par George Bush, de même le référendum donne une justification aux sacrifices consentis par l'Amérique.
Certes, le scrutin ne suffit pas à lever les lourdes hypothèques qui pèsent encore sur ce malheureux pays. Mais il s'ajoute à une reprise de l'offensive américaine dans les zones contrôlées par les insurgés, qui se gardent bien de reconnaître qu'ils ont subi de lourdes pertes et qu'ils sont affaiblis.
POUR BUSH, LE TABLEAU EST SOMBRE, MAIS PAS DÉSESPÉRÉ
La participation des sunnites.
Ce n'est donc pas un hasard si les autorités religieuses sunnites ont conseillé à leurs coreligionnaires de participer au vote : la perspective d'un retour des saddamistes au pouvoir, alors que s'ouvre le procès du dictateur (dont il eût mieux valu, par ailleurs, qu'il fût ajourné) est nulle. Les sunnites préfèrent donc suivre la voie des urnes, seul moyen, en dehors de l'insurrection, dont ils disposent pour empêcher leur exclusion du pouvoir. Cela aussi est à mettre à l'actif des Etats-Unis.
L'enthousiasme retombera aussitôt après la publication des résultats. La finalisation du texte fondamental donnera lieu à d'âpres batailles et ses contradictions (notamment à propos du rôle de la religion dans le nouvel Etat fédéral) risquent de déboucher sur une explication par les armes. Peut-être faut-il, en l'occurrence, rejoindre le fatalisme et la patience de M. Bush. Il aurait sûrement pu éviter quelques catastrophes s'il avait mieux préparé l'invasion. Mais son entêtement dans l'adversité mérite un coup de chapeau. Il ne baisse pas les bras, combine les avancées politiques et les assauts militaires, attend, espère et tient bon. Il refuse de rapatrier ses troupes, menace discrètement Damas, tient tête à l'Iran, pays le mieux placé pour tirer les marrons du feu, notamment parce que l'Irak est peuplé de chiites à 60 %.
L'amitié des Kurdes.
Le tableau est sombre pour Bush, mais il n'est pas désespéré : on oublie qu'il dispose au nord de l'Irak d'un Kurdistan irakien complètement américanophile et qui ne demande pas mieux que de coopérer avec Washington. Pour ne pas écœurer les sunnites d'Irak ni s'aliéner les Turcs qui craignent la création d'un Kurdistan indépendant qui s'étendrait sur une partie de leur territoire, les Etats-Unis évitent de s'installer au nord de l'Irak, d'où ils pourraient contrôler Bagdad en subissant beaucoup moins de pertes. Il est vrai que l'autonomie du Kurdistan suffit à elle seule à mettre fin à l'unité de l'Irak. Mais il n'est désormais question que d'un Etat fédéral que les Kurdes n'ont pas rejeté.
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