En 1999, une publication du « New England Journal of Medicine » rapportait une baisse de 35 % des taux de testostérone chez des sujets absorbant 7 g de réglisse - contenant 0,5 g d'acide glycyrrhizique (voir « le Quotidien » n° 6564 du 7 octobre 1999). Les investigateurs avaient mesuré les taux sériques de testostérone, d'androstènedione et de 17-hydroxyprogestérone, cela quatre jours avant, et sept jours après l'introduction de la réglisse, ainsi que quatre jours après son arrêt. Ils avaient constaté que les taux de testostérone diminuaient pendant la période d'exposition (baisse de 35 % environ) et remontaient dès l'arrêt de la réglisse. Pour leur part, les taux d'androstènedione étaient resté stables et ceux de la 17-hydroxyprogestérone étaient montés durant la période d'exposition, pour diminuer après l'arrêt. Les auteurs avaient conclu que le principe actif de la réglisse, l'acide glycyrrhizique, hydrolysé in vivo en acide glycyrrhétinique, inhibe la 11bêta-hydroxystéroïde déshydrogénase, mimant ainsi les effets des minéralo-corticoïdes. Ils ajoutaient que, outre cette action enzymatique, la réglisse pouvait actionner de façon directe les récepteurs minéralo-corticoides et, in vitro, bloquer la 17bêta-hydroxystéroïde déshydrogénase, qui catalyse la conversion d'androstènedione en testostérone.
Avec une autre marque et avec la même marque
Une équipe de chercheurs d'Austin (Etats-Unis), dirigée par le Dr Robert Josephs, a cherché à répéter cette expérience chez des hommes jeunes supplémentés en réglisse (5,6 g par jour contenant 0,5 g d'acide glycyrrhizique, d'une marque différente de celle employée dans la première expérimentation). Les investigateurs n'ont pas noté de baisse significative des taux de testostérone lors de cette expérimentation (baisse de 9,5 % en moyenne). Ils ont donc décidé de mettre en place une nouvelle expérimentation sur des volontaires en utilisant la marque de réglisse choisie dans l'expérimentation initiale. Un dosage des concentrations sériques en cortisol a été effectué conjointement afin de confirmer l'effet minéralo-mimétique de la réglisse utilisée. Si les taux de cortisol ont, comme les investigateurs l'attendaient, augmenté en réponse à l'inhibition de la 11 bêta-hydroxystéroïde déshydrogénase, les taux de testostérone n'ont, eux, pas varié de façon significative.
Pour les auteurs, « cette variation des résultats par rapport à l'expérience initiale peut s'expliquer par la prise en compte initiale d'une valeur moyenne de testostérone salivaire dont l'écart type était de 80 % ». C'est, selon eux, cette donnée qui a pu influer sur les résultats statistiques de la première étude. « Notre expérience confirme que la réglisse doit être exclue de l'alimentation des sujets présentant une hypertension mais qu'elle peut être consommée par les sujets souffrant de troubles de la libido », concluent-ils.
« The Lancet », vol. 358, pp. 1 613-1 614, 10 novembre 2001.
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