LA SEMAINE de 35 heures n'est pas le lot de tous. Dans l'enquête Sumer 2003, 20 % des salariés ont travaillé plus de 40 heures dans la semaine précédant l'enquête. L'enquête Sumer a mobilisé 1 792 médecins du travail (plus de 20 %) qui ont interrogé près de 50 000 personnes pour mesurer les expositions aux risques professionnels et les comparer aux résultats d'une étude semblable réalisée en 1994*.
La semaine de plus de 40 heures concerne moins de salariés qu'il y a dix ans (29 %) mais encore la majorité des cadres et des professions intellectuelles supérieures (51,9 %). Les salariés travaillent aussi moins souvent le samedi (46 % contre 43 %) mais c'est surtout le recours occasionnel au travail du samedi qui a reculé alors que les ouvriers et les employés administratifs sont plus souvent qu'il y a dix ans régulièrement à la peine ce jour-là. Le travail du dimanche progresse quant à lui légèrement (de 19 à 20 %), de même que le travail de nuit (de 12 à 13 %), surtout pour les ouvriers.
Le travail répétitif, pourvoyeur de troubles musculo-squelettiques, est un peu moins fréquent (10 % des salariés contre 12,5 % en 1994, répètent le même geste ou la même série de gestes plus de dix heures par semaine et 17 % toutes durées confondues). La manutention de charges lourdes est le lot de 41 % des salariés (contre 38 %) et 12 % doivent le faire plus de 10 heures par semaine.
Surveillance, bruit, travail sur écran.
Les contraintes d'organisation sont aussi plus fortes : 55 % des salariés (contre 49 %) doivent répondre rapidement à une contrainte extérieure ; sur 25 % pèsent contrôles et surveillances exercés par la hiérarchie et sur 27 % un contrôle ou un suivi informatisé ; 58 % (contre 46 %) doivent fréquemment interrompre une tâche pour en faire une autre non prévue. Autre motif de plainte : le risque d'agression physique pour les salariés, de plus en plus nombreux (70 %), en contact avec le public.
Les malheureux salariés 2003 sont également de plus en plus souvent exposés au bruit (le seuil de 85 décibels est dépassé pour 18 % contre 13 % en 1994). Et leurs yeux sont mis à rude épreuve par le travail sur écran, auquel 22 % sont soumis plus de 20 heures par semaine.
Enfin, les risques biologiques et chimiques ne doivent pas être négligés. En 2003, l'exposition aux agents biologiques concerne 15 % des salariés. Dans le secteur de la santé et de l'action sociale, ce sont deux personnes sur trois qui sont exposées, une sur trois dans l'agriculture, une sur quatre dans les secteurs des services personnels et domestiques. L'exposition aux produits chimiques (solvants et tensio-actifs principalement) est encore plus fréquente, et en augmentation (+ 3 points) : 38 % des salariés, soit près de 7 millions de personnes, sont exposés à au moins un produit, la hausse touchant particulièrement la construction et l'agriculture.
En dix ans, résument les auteurs de l'enquête, « les contraintes horaires, les rythmes de travail et les contacts avec le public augmentent pour les salariés qui étaient les moins touchés ; les contraintes physiques et l'exposition aux produits chimiques se sont en revanche surtout amplifiées pour les catégories déjà les plus atteintes ».
* Enquête de la Dares (Direction des études et des statistiques du ministère de l'Emploi), à laquelle ont collaboré les Drs Bernard Arnaudo, Isabelle Magaud-Camus et Nicolas Sandret, Premières synthèses, n° 52.1.
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