Un entretien avec le Dr Florence Mallet*
Le nombre de porteurs de lentilles de contact est en constante progression en France, avec, aujourd'hui, 5 % d'utilisateurs, soit 2,8 millions d'individus environ.
Cet essor est peut-être lié à une meilleure organisation de la prise en charge et à une meilleure traçabilité qui permettent au patient de mieux appréhender le rôle exact de chaque professionnel : l'ophtalmologiste est adaptateur, puis l'opticien délivre les lentilles. Il existe donc une évolution de la contactologie médicale.
Cependant, les chiffres français demeurent en retrait par rapport à ceux de certains pays européens, comme les pays scandinaves où l'on compte environ 10 % d'équipement. Il reste, par conséquent, une marge de progression à la contactologie française.
Nous disposons aujourd'hui de lentilles qui, sur le plan technologique, nous permettent d'équiper quasiment tous les yeux, excepté en cas de pathologie de surface associée ou de sécheresse oculaire importante.
Un large choix, selon le type de port
On a le choix du type de port de lentille. En port journalier, nous utilisons essentiellement des lentilles à remplacement fréquent, mensuel, voire journalier, souvent en fonction du budget que le porteur est prêt à allouer à son équipement ; la lentille jetable journalière restant, à l'heure actuelle, plus coûteuse, sauf en port occasionnel. C'est un secteur dont le développement est le plus important actuellement. Les lentilles souples traditionnelles, qui étaient changées chaque année, ne représentent plus qu'une faible part du marché des lentilles de contact. Le port permanent est possible avec des matériaux souples comme les lentilles en silicone hydrogel, ou bien avec des lentilles rigides à hyperhaut DK. Ces lentilles permettent un port continu de trente jours. Un taux de sécurité tout à fait intéressant a été montré avec ce type de port.
Les lentilles destinées à la correction de la presbytie commencent à être de plus en plus connues des presbytes porteurs de lunettes. Il faut actuellement reconnaître que, depuis le développement des lentilles à remplacement fréquent pour presbytes, le taux de succès de ces adaptation est de 80 %.
Les lentilles rigides perméables aux gaz gardent leurs indications dans toutes les anomalies visuelles de forte puissance : myopie très forte, astigmatisme important, etc. La qualité optique obtenue et la sécurité du port restent leurs maîtres atouts .
L'enfant peut être équipé dès le plus jeune âge
Il faut savoir que l'on peut adapter des lentilles de contact à un enfant très jeune. En effet, dès l'âge de un mois, un enfant opéré de cataracte congénitale unilatérale pourra être équipé en lentilles de contact, afin de rendre à cet il une fonction impossible à obtenir par le port de lunettes.
Chez le jeune enfant, et notamment dans le cadre des strabismes ou des myopies fortes, le gain visuel apporté par une lentille de contact, rigide dans ces cas particuliers, justifie les contraintes d'apprentissage liées à la manipulation de son équipement.
Chez l'adolescent, la demande d'adaptation en lentilles de contact est de plus en plus précoce du fait de l'évolution des modes de vie. Il est tout à fait possible d'équiper des adolescents informés et sensibilisés aux règles d'hygiène indispensables et inhérentes à tout de type de port de lentilles.
Plus de dix dixièmes dans un proche avenir
Dans un très proche avenir, la recherche permettra de mettre au point des lentilles de contact sur mesure, « customisées », permettant de corriger les aberrations optiques de hauts ordres afin d'obtenir d'une supervision, c'est-à-dire une acuité visuelle supérieure aux 10 dixièmes habituellement recherchés.
* CHU Bordeaux
Adapter son cabinet à la contactologie
L'exercice de la contactologie au sein d'un cabinet d'ophtalmologie ne demande que peu d'adaptation. Il nécessite cependant une secrétaire bien formée, de manière à regrouper les rendez-vous des patients désireux de porter des lentilles. Le premier essai de lentilles, qui comprend le temps de l'adaptation, est plus long qu'une consultation habituelle, l'examen de contrôle, quant à lui, peut être assimilé, en termes de temps à prévoir, à un bilan ophtalmologique de routine.
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