L 'AIDE au sevrage tabagique est l'une des priorités du plan national de lutte contre le tabagisme et du plan triennal de lutte contre les drogues et la prévention de la dépendance, tous deux lancés en 1999.
La mise en vente libre des substituts nicotiniques, depuis novembre 1999, et le développement des consultations de tabacologie en sont les concrétisations, avec des dotations nationales tabac de 26,2 millions de francs pour 2000 et 25 MF pour 2001. Consacré tout entier au tabac, le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » n° 22-23, fait le bilan de ces actions.
Les consultations hospitalières de tabacologie sont destinées à prendre en charge en priorité les personnes les plus dépendantes ou les plus difficiles à assister et les femmes enceintes. L'objectif est de doter tous les départements d'au moins une consultation de ce type - et, à cinq ans, tous les établissements de santé de plus de 500 lits - et de mettre en place des consultations avancées dans les maternités.
Au début de l'année, la France comptait 261 consultations de tabacologie, 47 de plus que l'année précédente. Selon l'enquête « Une semaine donnée » (du 15 au 22 janvier), à laquelle ont répondu 206 centres, ils accueillent plus de 2 000 patients par semaine (2 397 contre 1 903 en 2000), 12 par consultation et 5,2 en moyenne par vacation.
Pour les auteurs de l'enquête (dont le Pr Bertrand Dautzenberg, Office français de prévention du tabagisme), l'objectif de toucher les personnes les plus dépendantes et de les fidéliser a été atteint puisque 64 % des consultants venaient pour un suivi de consultation (contre 56 % en 2000).
Autre sujet de satisfaction : le dépistage des patients hospitalisés pour des motifs autres que le tabagisme a progressé, avec 404 malades, contre 231 l'année précédente. Pour le dépistage, les outils de diagnostic clinique et biologique sont de plus en plus utilisés : test de Fagerström (97 % des cas), test HAD (79 %), score de Beck quand l'HAD est anormal (25 %) et analyseur de CO (60 %).
En revanche, la lutte contre le tabagisme chez les femmes enceintes ne progresse guère : avec 59 patientes en consultation en 2000 et 63 en 2001, elles ne représentent que 3 % de l'ensemble des consultants alors que 25 % d'entre elles fument. A améliorer également, le délai d'attente pour l'obtention d'un rendez-vous (pour une première consultation), qui a augmenté en 2001 pour atteindre 37 jours (contre 21 en 2000). C'est que les moyens en personnel sont encore insuffisants : 40 % des centres de consultations ne fonctionnent qu'avec une vacation médicale alors qu'ils en souhaitent au moins trois par semaine.
Moins nombreuses (148, dont 91 dispensaires ou centres médico-sociaux et 37 cabinets privés), les consultations non hospitalières accueillent pour leur part plus de 900 patients par semaine, un nombre en augmentation, avec un délai d'attente moyen de 11 jours. Mais au total, la demande de sevrage tabagique reste 10 fois supérieure à l'offre de soins, ce qui implique, « de rendre tous les professionnels de santé compétents en termes d'aide à l'arrêt du tabac pour les cas les plus fréquents ».
Le succès des substituts
Les substituts nicotiniques sont vendus sans ordonnance depuis la fin de 1999. Une mesure destinée à favoriser le sevrage tabagique et qui se révèle efficace, si l'on en croit les chiffres : les ventes ont augmenté de 180 % en janvier 2000 et de 94 % au total en 2000 par rapport à 1999 ; le nombre de patients traités (durée moyenne de traitement 30 jours et succès dans un tiers des cas) est passé de 440 000 en 1998 à 560 000 en 1999 et 1,08 million en 2000.
Le délistage a logiquement entraîné une forte diminution des prescriptions, passées de 559 224 en 1999 à 184 088 l'année suivante et qui ne représentent plus, selon une enquête IMS, que 17 % des achats.
Avec l'hypothèse d'un succès dans un tiers des cas, on peut estimer que 160 000 fumeurs de plus qu'en 1999 se sont arrêtés de fumer en 2000 avec des substituts nicotiniques, soit 40 % du nombre total d'arrêts réussis l'an dernier (400 000, chiffre estimé en fonction de la baisse de consommation du tabac et du nombre de fumeurs). « Sachant qu'un fumeur sur deux meurt d'une maladie liée au tabac et perd en moyenne 18 ans de vie, cela correspond à des milliers de vies gagnées chaque année par cette mesure », notent S. Dragos et B. Dautzenberg, qui soulignent cependant la nécessité de renforcer la mobilisation du corps médical, compte tenu de la diminution des prescriptions.
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