Grossesse, allaitement, ménopause, période menstruelle, etc. . De nombreuses femmes, rapportent un lien entre certaines périodes de leur vie génitale et la survenue de troubles du transit comme la constipation. Ce constat, a conduit certains auteurs à émettre l’hypothèse d’une influence des hormones sexuelles féminines sur le transit intestinal et la continence fécale.
Sur le plan épidémiologique, quelques arguments plaident dans ce sens et confirment l’impression des patientes. Différentes études ont ainsi montré une réelle augmentation de la prévalence de la constipation pendant la ménopause mais aussi pendant la grossesse, notamment au cours du 3e trimestre. « Cependant rien ne prouve avec certitude que cela soit attribuable aux modifications hormonales, tempère le Pr Laurent Siproudhis (Rennes), des problèmes mécaniques de conformation de l’utérus pouvant aussi être impliqués ».
Les données expérimentales ne sont pas plus formelles. « On sait qu’il existe sur le plan intestinal des récepteurs hormonaux aux œstrogènes et à la progestérone présents à la fois dans la muqueuse du colon et dans la musculeuse rapporte le Pr Siproudhis, ce qui suggère que ces hormones pourraient bel et bien jouer sur la motricité intestinale ». Mais selon la localisation de ces récepteurs l’effet observé varie comme l’ont montré des travaux expérimentaux conduit chez l’animal. Avec globalement un effet « positif » (augmentation de la motricité intestinale) au niveau du colon droit et un effet « négatif » sur le reste du colon. D’où finalement un effet neutre ?
C’est en tout cas ce que laissent penser les quelques essais cliniques d’intervention réalisés chez des femmes ménopausées et constipées. Dans cette population, l’administration d’un traitement hormonal de la ménopause n’a que peu d’effet sur le transit voir est inexistant. « L’impact des interventions hormonales sur la constipation est donc mince ou insuffisamment validés pour pouvoir les préconiser dans ce cadre » analyse le Pr Siproudhis.
Pour autant « il ne faut pas négliger ce que disent les patientes et si certaines d’entre elles identifient un lien de causalité entre la survenue de la ménopause et leur constipation, cela peut être un argument de plus à considérer si la prescription d’un THM est envisagée par ailleurs ». De même si une patiente rapporte une constipation revenant régulièrement en début de cycle, « cela ne me semble pas illicite d’anticiper les choses et d’initier 2/3 jours avant les règles un traitement laxatif osmotique « préventif » .
Au-delà de la composante hormonale, d’autres facteurs peuvent favoriser la survenue d’une constipation chez la femme et doivent être recherchés. Au premier rang desquels les troubles de la statique pelvienne. « Les femmes plus que les hommes sont sujettes à avoir des prolapsus, des hernies de la paroi rectale, etc. qui peuvent gêner l’évacuation des matières rappelle le Pr Siproudhis. Par exemple la rectocèle est une cause documentée de constipation chez la femme mais n’existe pas chez l’homme ».
Les atteintes fonctionnelles de l’anus (anisme ou dyssynergie anorectale), à l’origine de constipations d’évacuation, ont également une surexpression féminine. Elles sont importantes à repérer car certains auteurs les considèrent comme des marqueurs d’abus sexuels potentiels. Par ailleurs « dans cette situation particulière ou l’anus se contracte au lieu de se relâcher, les laxatifs classiques ne fonctionnent pas très bien alors que les techniques rééducatives sont plutôt efficaces ».
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