Consommation d’antibiotiques : -13,5 % en 11 ans, peut mieux faire !

Publié le 27/07/2012
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Crédit photo : PHANIE

L’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) publie un état des lieux complet de la consommation d’antibiotiques en France depuis 2000, avec les premières données inédites de 2011.

Celles-ci confirment la tendance à la hausse enregistrée depuis 2005 : les Français ont consommé en 2011 30,9 doses définies journalières (DDJ) d’antibiotiques pour 1 000 habitants et par jour, contre 30,4 en 2010. C’est donc une baisse de 13,5 % qu’il faut enregistrer sur la décennie et non de 16 % comme les chiffres de 2010 le prévoyaient. Ce résultat préoccupant éloigne la France de l’objectif qu’elle s’est donnée dans son 3e plan pluriannuel d’une réduction de 25 % d’ici à 2016.

La ville paie la plus grosse facture : en 2010, l’ANSM recense 130 millions de boîtes d’antibiotiques vendues contre 20 millions à l’hôpital. Et c’est encore elle qui est pour majeure partie responsable de l’augmentation de la consommation d’antibiotiques en 2011.

Après une période de 2000 à 2004 de forte diminution, la reprise s’est essentiellement manifestée en 2009. L’ANSM l’explique par une incidence plus forte de pathologies hivernales et de syndromes grippaux.

D’après les premiers chiffres disponibles, l’année 2011 (2,4 millions de syndromes grippaux contre 1,1 million en 2010), confirme l’augmentation tendancielle de la consommation.

L’hôpital se distingue, lui, par une exposition aux antibiotiques plus importante. Plus de 4 patients sur 10 hospitalisés ont reçu en 2010 au moins un antibiotique lors de leur séjour.

Prescriptions infléchies

L’ANSM relativise : la consommation reste néanmoins plus faible qu’en 2000, alors que les syndromes grippaux ont été particulièrement agressifs ces dernières années et que le nombre de personnes âgées progresse. C’est en effet à partir de 65 ans que la consommation grimpe, voire explose vers 85 ans.

« Les habitudes de prescriptions ont évolué », se félicite l’ANSM. Un satisfecit à mettre au compte des généralistes, à l’origine de 70,6 % des prescriptions d’antibiotiques en ville. « Ces résultats demeurent positifs et démontrent que les habitudes de prescription et les comportements peuvent être infléchis : la France n’est plus le premier consommateur d’antibiotiques en Europe, comme c’était le cas au début des années 2000 », peut-on lire dans le rapport.

L’agence tire néanmoins la sonnette d’alarme. Le nombre de substances actives antibiotiques sur le marché a diminué de 18 % en 10 ans (passant de 103 à 84) car l’innovation thérapeutique s’essouffle. Si la part des génériques a augmenté sur le marché (ils représentaient 75,4 % de la consommation d’antibiotiques en ville en 2010), l’ANSM juge préoccupant le faible enregistrement de molécules nouvelles alors que les bactéries développent une résistance aux antibiotiques disponibles. Les impasses thérapeutiques pourraient se multiplier.

 COLINE GARRÉ

Source : lequotidiendumedecin.fr