«MALGRÉ les limitations de notre métaanalyse, essentiellement dues à la nature rétrospective et observationnelle des études, nos résultats montrent que les techniques de traitement par ablation avec conservation (des lésions cervicales intraépithéliales ou invasives) entraînent des effets indésirables sur les grossesses», constatent Maria Kyrgiou (Preston, Royaume-Uni) et coll.
Ce travail était, toujours selon l’équipe, une nécessité, car les conséquences obstétricales en étaient mal connues. De fait, depuis vingt ans, l’incidence du cancer invasif du col a largement décru, essentiellement grâce au dépistage par frottis. Il en résulte le traitement de femmes ayant la trentaine, en âge de procréer, pour une néoplasie intraépithéliale.
Si le succès de l’acte face au risque de cancer est bien connu, les études sur la fertilité et les grossesses à venir étaient beaucoup plus discordantes. D’où l’intérêt de cette revue de la littérature, avec métaanalyse portant sur vingt-sept études. Les auteurs ajoutent que, en raison du caractère précancéreux des lésions cervicales, il n’est pas question de proposer des études randomisées.
Les diverses méthodes d’ablation de la lésion ont été évaluées individuellement.
En ce qui concerne la conisation au bistouri, elle est significativement associée à des accouchements prématurés avant la 37e semaine (risque relatif : 2,59), à un faible poids de naissance, inférieur à 2 500 g (RR : 2,53) et à des césariennes (RR : 3,17). L’excision à l’anse diathermique de la zone de transformation s’accompagne d’une augmentation des accouchements prématurés (RR : 1,7), d’un faible poids de naissance (RR : ,82) et de rupture prématurée des membranes (RR : 2,69). La conisation au laser est également suivie de complications du même ordre, mais sans atteindre le seuil de la significativité (RR de prématurité : 1,71). La simple ablation au laser n’a pas créé d’élévation particulière des divers risques obstétricaux.
En ce qui concerne les conséquences sur le nouveau-né, la métaanalyse ne relève que des données non significatives. Elles sont de plus très diverses quant à l’admission en néonatalogie ou au risque de décès.
Le travail s’est également intéressé aux conséquences sur la fertilité des femmes traitées. Ici encore, les données sont rares, et les études, de petite taille, ainsi que de faible qualité.
Pour les auteurs, la métaanalyse apporte des informations nouvelles sur la conisation au laser et surtout sur l’ablation à l’anse diathermique. Il s’agit, en effet, de la méthode le plus largement utilisée dans le traitement des lésions cervicales suspectes. Et les médecins ne suspectent pas ses effets négatifs sur l’avenir obstétrical.
Un autre aspect de la technique est la profondeur de l’ablation. «On pourrait s’attendre logiquement que plus l’ablation de tissu cervical est importante, plus le retentissement fonctionnel est important», suggèrent les auteurs. Effectivement, ils montrent que, pour des cônes supérieurs à 10 mm de profondeur, le risque d’accouchement prématuré s’élève. En dessous de ce seuil, les études sont trop hétérogènes et contradictoires pour tirer une conclusion. En pratique, les larges ablations et celles emportant une partie importante de l’endocol majorent les risques.
Les auteurs concluent que l’expérience du colposcopiste doit lui permettre de réaliser un acte éradiquant au mieux la lésion cervicale, tout en respectant le plus possible l’anatomie du col. Les patientes devraient être informées du risque minime. Mais les auteurs suggèrent aussi chez ces femmes jeunes, notamment avant 25 ans, aux lésions à faible évolution, de considérer l’option « surveillance ».
« The Lancet », vol. 367, 11 février 2006, pp. 489-498.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature