Force est de constater, qu'au-delà des alternances politiques, le dossier de la réforme de l'internat entraînant la réforme du deuxième cycle des études médicales a évolué régulièrement et, pourrait-on dire, « normalement », depuis quatre ou cinq ans. Pourtant, pour la majorité des médecins qui ont assisté au débat sur ce thème organisé au MEDEC, par « le Quotidien du Médecin », les éditions Masson et l'Association nationale des étudiants en médecine (ANEMF), cette réforme est, en l'occurrence, une révolution.
Pour beaucoup d'entre eux, en effet, intégrer le concours au cursus normal des études de médecine pour permettre à chacun d'accéder au 3e cycle et de bénéficier d'une formation théorique et clinique apparaît comme l'aboutissement d'un rêve qui date de 1968.
Depuis deux siècles, le concours de l'internat permettait de sélectionner une élite destinée à s'engager dans les carrières hospitalo-universitaires. L'idée que, désormais, cette formation ne concernerait plus les seuls spécialistes mais aussi les généralistes est une évolution profonde du monde médical.
Progressivement, le programme du concours et celui du cursus universitaire devaient donc obligatoirement être unifiés pour que la formation comporte un tronc commun aboutissant à un examen classant national.
Le Pr Jacques Roland, président de la Conférence des doyens, regrette que les choix personnels et les aptitudes ne soient pas mieux considérés. Mais il ne désespère pas qu'un jour de tels critères soient pris en compte dans le classement. Il faut dire que les étudiants, eux aussi, en sentent bien la nécessité. Et Marie Costes, la présidente de l'ANEMF, souhaite vivement que des aspects plus humains, notamment les motivations des étudiants pour s'engager dans telle ou telle spécialité ou en médecine générale, soient aussi retenus. Il faudra encore un peu de temps.
Les enseignants hospitalo-universitaires ont également du pain sur la planche : Bruno Housset, de Paris-Créteil, a expliqué qu'il a fallu revoir l'ensemble de la présentation des programmes de deuxième cycle pour établir des modules transversaux (prise en charge du patient, athérome, infection, naissance, vieillissement, etc.) constitués à partir des enseignements des différentes disciplines et que cela n'est pas forcément aussi facile d'une fac à l'autre. Dans certaines d'entre elles, on a appliqué un processus d'enseignement magistral pluridisciplinaire, dans d'autres, l'intégration est faite au niveau des stages hospitaliers qui deviennent le support de l'enseignement.
Pierre Czernikow, de Rouen, pose aussi le problème particulier de certaines facs - dont la sienne - qui avaient fait le choix depuis quelques années de s'engager dans des formes pédagogiques particulières, tel l'apprentissage par problème et thème thérapeutique, et qui doivent adapter leur enseignement à une nouvelle pédagogie.
Un autre aspect des résultats de l'examen classant, qui, pour l'instant, semble avoir été pudiquement laissé dans l'ombre, a été abordé avec prudence dans ce débat du MEDEC : il s'agit de la démographie médicale et des besoins dans chaque spécialité. Aucune réponse ne peut, à l'heure actuelle, être apportée à ce problème très politique. Philippe Thibault, conseiller du ministre de la Santé pour les études médicales, a cependant tenu à affirmer que cela se ferait dans la transparence, mais qu'il ne voulait pas anticiper les décisions qui pourraient être prises après le rapport de la commission Berland qui a travaillé sur ce sujet et rendu son rapport à l'automne dernier (« le Quotidien » du 20 novembre).
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